Il y a des différences majeures en matière de santé-sécurité au travail selon que l’on soit syndiqué ou pas. Roch Lafrance, de l’uttam, reviens sur quelques-unes d’entre elles.

Par exemple, la question du droit de retour au travail. « Il y a de nouvelles dispositions et des accommodements qui vont favoriser le retour au travail dans la foulée de l’arrêt Caron, une décision de la Cour suprême. C’est un gain pour tout le monde », explique Roch Lafrance, « mais il y a une difficulté particulière pour les personnes non syndiquées. La CNESST forcera les employeurs à reprendre les employé-es et coupera les indemnités immédiatement. Or, si l’employeur ne reprend pas la personne, celle-ci va devoir épuiser tous les recours ce qui prendra passablement de temps. Pendant ce délai, le travailleur sera sans revenu pour la durée qui pourrait s’étaler sur un an et plus.

« Autre différence : quand un dossier a été judiciarisé, qu’il y a eu de la chicane pendant un an, deux ans, trois ans, l’employé-e ne veut pas nécessairement revenir dans l’entreprise », dit le porte-parole de l’uttam, « c’est une différence majeure dans un milieu qui n’est pas syndiqué, si la CNESST force un employeur à reprendre une personne non désirée ça peut être l’enfer. » Pour Roch Lafrance, il devrait y avoir un droit de refus pour l’employé-e, « la personne ne devrait pas être obligée de retourner là pour se faire harceler et congédier au bout de six mois », suggère-t-il.

Au niveau de la prévention, il y a des problèmes majeurs dans les milieux non syndiqués. « Un comité de santé et un représentant à la prévention dans une entreprise non syndiquée, ça ne marche pas tellement », illustre Roch Lafrance, « il y a des pays qui ont pris ça en compte pour les petites entreprises non syndiquées avec des représentants en prévention itinérants qui sont indépendants et ne travaillent pas dans l’entreprise. » Selon l’uttam, il y a toute sorte de mécanismes comme ça qui ne sont pas prévus pour les non-syndiqués et qui devraient être adaptés. « Le gouvernement pourrait s’inspirer des associations sectorielles paritaires, où il y aurait des représentantes et représentants des non-syndiqués, et qui pourraient embaucher des salarié-es itinérants pour accompagner les gens et les conseiller en matière de santé-sécurité. » 


Extrait de l’édition spéciale sur le projet de loi 59 de février 2021 du journal Le Réflexe