Une victoire pour les paramédics et la population de Charlevoix

Emmanuel Deschênes, président du Syndicat des paramédics de Charlevoix (CSN).

L’annonce d’un investissement gouvernemental de 10,6 M$, pour bonifier la couverture ambulancière au Québec, se traduira par la conversion d’un horaire de faction à La Malbaie, une revendication historique du Syndicat des paramédics de Charlevoix (FSSS-CSN). 

Par Nicolas Lefebvre Legault, conseiller à l’information 


Un gain pour Charlevoix

Le Syndicat des paramédics de Charlevoix (FSSS-CSN) se bat depuis des années pour transformer les quatre horaires de faction de Charlevoix en horaires à l’heure. « Là on a gagné une conversion à La Malbaie, c’est un gain pour les paramédics et la population de Charlevoix », dit Emmanuel Deschênes, « c’est 25 % de ce que l’on voulait précisément. »

Dans Charlevoix, l’investissement gouvernemental est de 923 000 $. « Ça rajoute 8 000 heures de couverture ambulancière et ça se traduit par la création de quatre emplois », explique Emmanuel Deschênes, « mais ce n’est pas ça le principal, c’est un effet secondaire, le cheval de bataille c’est les services à la population. » « Notre argument c’est que les gens de Charlevoix ne sont pas des citoyens de seconde zone, on a le droit aux mêmes services qu’en ville, même si on a fait le choix de vivre en région », explique le président du syndicat. 

La conversion va permettre d’améliorer le temps de réponse ambulancier. « Les paramédics vont être capables de faire leur travail, ce pour quoi ils ont été formés, c’est-à-dire sauver des vies », illustre Emmanuel Deschênes. « Le dossier est réglé de Sainte-Irénée à Clermont, mon combat va se terminer quand il y aura une couverture adéquate de Petite-Rivière-Saint-François à Baie-Sainte-Catherine », poursuit-il.

Victoire syndicale

« Nous réclamons ces investissements depuis des années, et plus particulièrement depuis la fin de notre dernière négociation en 2017. Le déploiement des heures de service supplémentaires et l’ajout des ambulances étaient grandement attendus », a souligné Jean Gagnon, paramédic et représentant du secteur préhospitalier à la Fédération de la santé et des services sociaux (FSSS-CSN). À l’époque, la CSN avait arraché une directive ministérielle établissant des critères clairs pour la conversion des horaires de faction.

« La victoire est due au travail acharné du syndicat, avec l’appui du CIUSSS et de l’employeur », explique Emmanuel Deschênes, « on a travaillé en front commun sur ce dossier, c’est un pur cas de deuxième front ». La revendication syndicale était bien documentée et bien argumentée. C’est le syndicat qui a fait de ce dossier un enjeu par des coups d’éclat, tant au niveau local que national. Les paramédics ont ainsi pu aller chercher l’appui de la population et de la députée locale, Émilie Foster, qui avait pris un engagement en campagne électorale. 

Deuxième front?

À la CSN on parle souvent de deuxième front. Qu’en est-il?

Il s’agit de toutes les revendications qui dépassent le cadre de la négociation des conventions collectives et qui s’intéressent à la vie des travailleuses et des travailleurs à l’extérieur de leur milieu de travail. Bref, les revendications qui visent des changements sociaux touchant à la qualité de vie de toute la population comme, dans ce cas-ci, l’amélioration de la couverture ambulancière. L’expression a été popularisée en 1968 par Marcel Pepin, alors président de la CSN, dans un rapport moral percutant adopté par la suite par le congrès.

« Émilie Foster a travaillé fort sur ce dossier, on ne peut pas le nier, mais elle n’a pas fini de travailler », prévient Emmanuel Deschênes, pour qui la priorité, à court terme, sera de transformer un second horaire de faction, du côté de Baie-Saint-Paul, d’ici au printemps. « C’est le minimum à court terme, après on va se battre pour convertir les deux derniers horaires de faction, c’est mon combat syndical, je suis en mission », conclut le syndicaliste.


Vous avez dit horaire de faction?

Actuellement, deux types d’horaires gouvernent les ambulances dans la région de Charlevoix. 

Tout d’abord, les horaires réguliers à l’heure, de 7 h à 19 h, avec des ambulances sur la route, et ensuite, des horaires de faction qui consistent, pour un paramédic, à demeurer disponible 24 heures sur 24 durant sept jours consécutifs. Il y a deux horaires de faction à Baie-Saint-Paul, deux à La Malbaie, un à Saint-Siméon et un à L’Isle-aux-Coudres. L’investissement annoncé permet la conversion de l’un des horaires de faction de La Malbaie en horaire à l’heure.

« Les horaires de faction sont des boulets dans la profession de paramédic », explique Emmanuel Deschênes, « le temps de réponse en situation d’urgence est vital, toutes les vies qui se sauvent dans la région le sont lors d’intervention de jour, quand il y a des horaires à l’heure. » Pour le paramédic, la région serait mieux servie par un déploiement ambulancier dynamique.


Extrait du numéro de décembre 2019 du journal Le Réflexe