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À la défense de la liberté académique des profs de cégep

(La rédaction) À peine sorti de la tourmente médiatique suite à une rentrée pour le moins mouvementée, le Séminaire des Pères Maristes s’est retrouvé une fois de plus sur la sellette au début novembre pour avoir tenté de bâillonner deux enseignant-es du Collège François-Xavier-Garneau. Mal leur en pris puisque la réaction syndicale vigoureuse leur a fait passer un autre mauvais quart d’heure dans l’actualité.


Le comité exécutif du Syndicat des professeur-e-s du Collège François-Xavier-Garneau (CSN). De gauche à droite : Jean-Francis Matteau (vice-président aux relations du travail), Hélène Nazon (vice-présidente à l’information), Danielle Lambert (secrétaire-trésorière), Guy-Antoine Dorval (responsable au suivi des ressources), Guillaume Vachon-Beaudoin (vice-président à la pédagogie), François Chassé (président), Karine Dion (agente syndicale). Photo : courtoisie.

Une logique tordue

En octobre, le Séminaire des Pères Maristes a fait parvenir une mise en demeure au Cégep Garneau dans laquelle l’institution privée demande au cégep de prendre les dispositions pour que cesse toute atteinte à sa réputation de la part de ses professeur-es. François Chassé, le président du Syndicat des professeur-e-s du Collège François-Xavier-Garneau (CSN), ne s’est pas gêné pour dénoncer dans les médias « une tentative d’amener l’employeur à poser des gestes de nature à porter atteinte à la liberté académique de nos membres ».

Le président du syndicat explique que la première personne visée par la mise en demeure est professeure de psychologie. « Elle est intervenue publiquement l’été dernier pour dénoncer la volonté du Séminaire des Pères Maristes qui envisageait alors de réintégrer certains des élèves ayant diffusé des images à caractère sexuel mettant en scène d’autres élèves du Séminaire ».

Quant à la seconde personne visée, c’est un professeur de philosophie. « Dans le cadre d’un cours d’Éthique et politique, il a demandé à ses étudiantes et étudiants de rédiger une dissertation où ils devaient prendre position à savoir si, d’un point de vue éthique, le Séminaire des Pères Maristes devrait ou non réintégrer les élèves visés par l’enquête policière menée dans cette affaire ». Dans les deux cas, le Séminaire allègue que la démarche des professeur-e-s a porté atteinte à sa réputation et demande à leur employeur de les faire taire.

Liberté académique

Or, du point de vue du Syndicat des professeur-e-s, les deux professeur-e-s visés n’ont fait qu’exercer leur liberté académique. Pour le syndicat, les professeur-e-s de cégep ont le droit d’exprimer librement leur opinion sur des questions d’intérêt public, de même que le droit à la liberté d’enseignement et de discussion. « Ces droits doivent pouvoir s’exercer sans crainte de représailles ni de répression de la part de l’employeur, de l’État ou de quelque autre personne physique ou morale », précise François Chassé.

Le Syndicat des professeur-e-s tient à souligner que la réaction du Cégep Garneau à la mise en demeure a été exemplaire : celui-ci n’a posé aucune action qui aurait pu constituer une atteinte à la liberté académique. Cependant, le Syndicat affirme haut et fort qu’il soutiendra ses membres face à toute atteinte ou tentative d’atteindre à leur liberté académique.

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Extrait du numéro de décembre 2018 du journal Le Réflexe