L’usine de papier de Clermont

Un pilier historique de Charlevoix à l’avenir incertain

Nichée au cœur de la région de Charlevoix, l’usine de papier de Clermont se dresse fièrement depuis plus d’un siècle. Témoin de l’évolution de l’industrie papetière et de la vie locale, elle représente un pilier économique et social pour la communauté. Cependant, aujourd’hui, son avenir s’assombrit, laissant planer l’incertitude sur l’avenir des travailleuses et travailleurs et de la région.

Un héritage centenaire et un combat syndical

L’histoire de l’usine de Clermont débute en 1912. Dès ses débuts, les travailleuses et travailleurs se sont syndiqués pour défendre leurs droits et conditions de travail. Le Syndicat des travailleurs et travailleuses du papier Clermont inc. (affilié à la CSN) a joué un rôle crucial dans l’amélioration des salaires, des avantages sociaux et de la sécurité au travail. La production de papier journal a longtemps constitué son activité principale, alimentant en nouvelles les presses du monde entier.

Des défis économiques et environnementaux

L’industrie papetière a connu de profonds changements au cours des dernières décennies, en raison de l’essor des technologies numériques et de la concurrence internationale. L’usine de Clermont n’a pas été épargnée. En 2015, la production de papier journal a été réduite de moitié, entraînant la perte de plus de 200 emplois. La réduction du Publisac en 2023 aggrave la situation et menace encore plus la pérennité de l’usine.

« Le marché du papier journal est en chute libre depuis quelques années. La fermeture du Publisac accélère encore plus les coupures de poste et les arrêts de production. C’est énormément de tonnes de papier qui ne seront plus produites par l’usine dans les prochaines années », s’inquiète Éric Marinoff, président du Syndicat des travailleurs et travailleuses du papier Clermont inc.

L’incertitude plane sur l’avenir

L’avenir de l’usine de Clermont est incertain. La direction de Résolu, l’entreprise propriétaire de l’usine, a annoncé en 2023 qu’elle étudiait la possibilité de convertir l’usine de Gatineau à la production de carton. Cette conversion, bien que prometteuse pour l’usine de Gatineau, n’est pas envisagée pour celle de Clermont, ce qui pourrait entraîner des pertes d’emplois supplémentaires et affecter l’économie locale.

La fermeture de l’usine de Clermont aurait un impact économique et social majeur sur la région de Charlevoix. En plus des pertes d’emplois directes, de nombreuses entreprises locales qui dépendent de l’usine pour leurs produits et services seraient également affectées. La fermeture de l’usine pourrait également avoir un impact négatif sur le tourisme et l’attractivité de la région.

« Actuellement, Papier Clermont est l’un des plus gros employeurs de la région et permet à un grand nombre d’entreprises avoisinantes de profiter d’une masse importante de gens pour consommer les produits locaux. Les épiceries, les écoles, toutes sortes d’autres entreprises vont souffrir si l’entreprise venait à fermer », s’indigne le président du syndicat.

Mobilisation et solidarité

Les travailleurs et travailleuses de l’usine de Clermont, inquiets pour leur avenir, se mobilisent pour sauver leur emploi. Ils invitent la communauté et les acteurs politiques à affronter le problème de front avant qu’il ne soit trop tard. Pour Éric Marinoff, le moment d’agir est maintenant : « Aucune annonce de fermeture n’a encore été faite, mais il ne faut pas attendre qu’il soit trop tard avant de se mettre en action. C’est maintenant qu’il faut préparer l’avenir de l’usine et des emplois ».

Il est crucial d’agir rapidement pour assurer la pérennité de l’usine de Clermont et minimiser les impacts négatifs sur la communauté. La mobilisation des travailleurs, de la communauté et des gouvernements est essentielle pour trouver des solutions innovantes et durables.

Des solutions possibles pour un avenir durable

Plusieurs solutions existent pour garantir la survie et la prospérité de l’usine de Clermont. La conversion et la diversification de la production telles que l’investissement dans la modernisation de l’usine et la conversion de sa production vers des produits plus porteurs, comme le carton, tout en explorant de nouveaux créneaux d’innovation, sont des exemples de solutions possibles.

La transition vers une économie plus durable ne doit pas se faire au détriment des travailleurs et de la communauté. Bien que l’industrie du papier soit en déclin, il faut se tourner rapidement vers l’avenir. Il est essentiel de mettre en place des mesures d’accompagnement pour soutenir les travailleuses  et travailleurs qui perdent leur emploi et pour minimiser les impacts négatifs sur la région.

Malheureusement, ce n’est vraisemblablement pas dans les cartons de l’entreprise. Pour le président du syndicat, la situation est désolante : « Pour l’instant, l’employeur continue de presser le même citron tous les jours en espérant qu’il y aura miraculeusement plus de jus dans le papier journal. Aucun plan de redressement ou de changement n’est mis de l’avant malgré l’urgence d’agir ».

Malgré tout, les travailleuses et les travailleurs restent fiers et confiants. La présidente du syndicat qui représente la section des employé-es de bureau, Karenne Tremblay, ne cache pas la fierté qu’elle a pour ses membres et pour tous les travailleuses et travailleurs de l’usine : « Les membres sont fiers du travail qu’elles et ils font. Nous n’avons jamais baissé les bras malgré la fermeture de machines au cours des années. Notre travail est impeccable, car nous sommes passionnés de ce que nous faisons et nous l’avons à cœur. Nous avons aussi la région dans nos cœurs. La vraie richesse de notre usine et de notre région, ce sont les travailleuses et les travailleurs. »

L’usine de papier de Clermont est à la croisée des chemins. Son avenir dépend de la capacité des parties prenantes à travailler ensemble pour trouver des solutions innovantes et durables. La mobilisation et la solidarité sont essentielles pour réussir la transition de l’usine et garantir un avenir prospère à la communauté de Charlevoix.

Le défi de la transition juste est crucial pour garantir un avenir équitable et durable à l’usine de Clermont et à la communauté de Charlevoix. Il faut agir maintenant !


Extrait du numéro de mars 2024 du journal Le Réflexe