Manque de personnel, entretien déficient, manque de fonds pour payer les fournisseurs de denrées alimentaires, retard dans les paies, sommes dues aux employé-es, etc., rien ne va plus à la Résidence Charlesbourg, un centre d’hébergement privé de Québec. Confronté à une situation qui se détériore rapidement, le Syndicat des centres d’hébergement privés de la région de Québec (CSN) s’est vu dans l’obligation de tirer la sonnette d’alarme le 1er mars dernier, lors d’une conférence de presse dans les locaux de la CSN à Québec.

Le syndicat dénonce de graves problèmes de gestion qui affectent la cinquantaine de bénéficiaires de la Résidence Charlesbourg. « Dernièrement, la livraison des denrées alimentaires a été retardée de deux semaines parce que les fournisseurs n’avaient pas été payés », expose Gilles Gagné, président du Syndicat des centres d’hébergement privés de la région de Québec (CSN), « il y a eu des coupures dans l’entretien ménager pour économiser, il ne reste plus qu’une personne qui est présente 21 h/semaine. »

Les problèmes de gestion affectent aussi la quinzaine de salarié-es, en majorité des femmes, dénonce Gilles Gagné, « depuis septembre dernier, les salaires ont été versés en retard à cinq reprises, les employé-es n’ont pas reçu le paiement de leurs congés de maladie non utilisé, le syndicat ne reçoit pas les cotisations syndicales qui sont pourtant prélevées sur la paie des employé-es, les sommes dues pour les REER sont versées avec un an de retard, etc. » La situation est intenable pour les syndiqué-es, « il faut que ça change », croit le syndicaliste qui craint également pour la sécurité des résidentes et des résidents. « La directrice de la résidence fait tous les remplacements parce que l’employeur ne veut plus embaucher de personnel, ça n’a pas de bon sens, il lui est arrivé de faire trois chiffres en ligne ! »

Interpellée sur la question par le Journal de Québec, la direction de la résidence a mis les problèmes sur le compte de la CSN qui voudrait « nous faire chanter et ruiner notre entreprise » (rien que ça !). Les « autorités compétentes » ont, quant à elles, nié les problèmes. Même s’il a refusé la demande d’adhésion de la résidence, le Regroupement québécois des résidences pour aînés (RQRA) indique qu’il n’y a pas eu de plaintes depuis 2014. Du côté du CIUSSS de la Capitale-Nationale, responsable de la certification des résidences pour personnes âgées, la direction rapportait dans les médias n’avoir eu aucune plainte de la part des résidents en ce qui concerne les soins, la propreté ou l’alimentation. Selon l’article du Journal de Québec, la résidence répond aux normes et règlements du CIUSSS, et lorsqu’il y a eu des problèmes, les correctifs ont été apportés.

« Ce n’est pourtant pas la première fois que ce propriétaire de résidences se retrouve sur la sellette », rappelle Ann Gingras, présidente du Conseil central de Québec–Chaudière-Appalaches (CSN). « Je ne comprends pas que l’on en soit encore là », indique Ann Gingras, « ça n’a pas de bon sens que l’on fasse vivre ça à nos aîné-es en 2018, sans parler du stress vécu par les travailleuses et les travailleurs. » Pour la présidente du conseil central, il est temps de mettre en place les mesures nécessaires pour civiliser le secteur privé en santé. « Le Centre intégré de santé et services sociaux de la Capitale-Nationale (CIUSSS-CN) doit intervenir dans le dossier, ils ont la responsabilité de veiller à ce que les services et les soins de santé soient bien dispensés dans la région », conclut Ann Gingras, « on parle quand même de quelque chose de fondamental : les conditions de vie de nos aîné-es. »

Au moment d’écrire ses lignes, le versement d’une partie significative des REER pour le rapport d’impôt de l’année 2017 n’a toujours pas été effectué. De plus, des griefs sont toujours actifs et le syndicat est en attente d’un jugement.

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Extrait du numéro de mai 2018 du journal Le Réflexe