Mot d’ouverture congrès

Voici le mot d’ouverture du congrès du conseil central prononcé par notre présidente, Barbara Poirier

 

Camarades délégué-es

Camarades du comité exécutif de la CSN

Camarades des conseils centraux et des fédérations

Salarié-es du mouvement

Chers invité-es,

 

Bonjour !

Il me fait vraiment plaisir, au nom du comité exécutif et de toute l’équipe, de vous souhaiter la bienvenue au congrès du Conseil central de Québec–Chaudière-Appalaches (CSN). Nous sommes très fébriles, mais surtout, bien heureux de vous recevoir à bras et à cœurs grands ouverts.

Tout le monde a travaillé très fort et déployé beaucoup d’énergie et de créativité pour préparer cette semaine que l’on va passer ensemble. Enfin, nous y sommes! Que ce soit votre premier congrès ou que vous assistiez régulièrement à nos instances, si vous avez des questions, n’hésitez surtout pas à nous interpeller : nous ici en avant, ou un membre de la merveilleuse équipe de travail du conseil central.  Sachez que ce congrès, c’est votre congrès, nous l’avons préparé pour vous.

Alors, bienvenue chez vous !

Quand je repense au dernier congrès, j’ai l’impression que c’était il y a une éternité. Il s’est écoulé pourtant juste 3 ans. Tellement de choses se sont passées depuis, on aura rarement eu un mandat aussi intense et mouvementé. Nous allons dire ça comme ça.

Rappelez-vous, il y a seulement 3 ans, nous étions au tout début du premier mandat de la CAQ. On ne savait pas trop à quoi s’attendre, mais le milieu patronal étant surreprésenté au gouvernement, nous étions franchement inquiets. Et bien, les derniers 3 ans nous auront prouvé que notre inquiétude était légitime.  Ça faisait longtemps que l’on n’avait pas eu un gouvernement campé aussi franchement à droite.

La CAQ n’a clairement pas gouverné au centre et c’est seulement parce qu’on s’est mobilisés et qu’on ne les a pas laissé faire qu’on a évité le pire. Prenez les maternelles 4 ans par exemple. Le gouvernement en avait fait son premier cheval de bataille et s’en allait imposer un programme mur à mur malgré un manque flagrant de consensus de la part des experts et des parents.  Ça sentait vraiment mauvais pour les CPE et les services de garde éducatifs à l’enfance. Aujourd’hui, tout cela a reviré de bord. Non pas par l’opération du Saint-Esprit, mais plutôt parce que les travailleuses des CPE ont mené une lutte acharnée et on va le redire, exemplaire.  C’est le fruit d’une mobilisation sans faille. Pis au surplus, ça a fait un bien beau pied de nez à la CAQ. C’est puissant des milliers de femmes en colères et solidaires !

Face à un gouvernement paternaliste dont le jupon antisyndical et antiféministe dépasse aussi souvent, pour ne pas dire la plupart du temps, on n’a pas d’autre choix que de rester sur nos gardes et préparer la lutte. Si le gouvernement caquiste ne nous a pas fait une réforme Barette dans le réseau de l’éducation, c’est parce qu’on s’est mobilisés. Il va falloir faire pareil avec la soi-disant « refondation » du réseau de la santé et des services sociaux : rester vigilant et faire connaitre, encore une fois, avec force, nos propositions. Le ministre Dubé nous promet une réforme en 50 mesures. Je ne sais pas pour vous, mais je ne suis pas rassurée et je pense qu’on va sortir nos crécelles et nos drapeaux plus tôt que tard.

Aussi, depuis quelques mois, on parle de plus en plus de Duplessis à propos de la CAQ. C’est un peu inquiétant. Surtout que c’est le premier ministre lui-même qui fait ce parallèle, un peu comme s’il s’en vantait. Sauf que s’il veut nous ramener là, nous lui rappellerons à notre tour ce qu’était le syndicalisme sous Duplessis.

Le syndicalisme sous Duplessis, c’est la naissance du syndicalisme comme acteur social incontournable. C’est aussi la période de très grandes grèves : la grève de l’amiante, Dupuis Frères, Murdochville, Louiseville, tout ça s’est passé sous Duplessis.

C’est également dans les batailles de cette période que les Picard, Pepin, Vadeboncoeur et Chartrand, ardents défenseurs des travailleurs et des humbles, nous ont montré la puissance de leur engagement et la force de leur caractère. Qui sait?  Il y a peut-être une ou un futur Michel Chartrand dans la salle qui va émerger dans peu de temps ?

Sur le front identitaire, la stratégie du diviser pour mieux régner du gouvernement caquiste fonctionne malheureusement trop bien. On a complètement dénaturé la question de la laïcité pour en faire un cheval de Troie identitaire, nous sommes en train de faire la même chose avec le français et l’intégration des immigrantes et immigrants. Il faut le dire, c’est épeurant ce qui se passe. Épeurant et franchement dangereux. Face à ça, il va falloir être courageux, mais aujourd’hui ici et maintenant, moi je le sais que la salle est remplie que de gens courageux.

Si le gouvernement est bon pour s’attaquer aux minorités et aux petits, il l’est pas mal moins quand vient le temps de s’attaquer à la crise climatique. S’il y a un front sur lequel il n’est vraiment pas à la hauteur, et qu’il ne comprend pas du tout, c’est bien celui-là. Tous les experts s’entendent pour dire qu’on s’en va dans le mur, mais la CAQ est tellement à la traîne dans ce dossier qu’on ne fonce pas juste dans le mur au Québec, on fonce dans le mur en VUS !

Aussi, la pandémie aura eu un effet bœuf sur les écarts de richesse. En gros, les riches sont plus encore plus riches, la classe moyenne est bien amochée et les pauvres ont mangé leur bas. Sommes-nous surpris ? Absolument pas ! L’inflation est en train de nous rattraper, nous dépasser même et pendant ce temps-là, les compagnies font des profits record.

Mais, on a des petites nouvelles pour les patrons, les travailleuses et les travailleurs ne se laisseront pas faire. Oh que non ! On ne sera pas les seuls à faire les frais de l’inflation : il va falloir partager les profits. C’est le message qui résonne aux quatre coins du Québec et qui alimente la vague déferlante de grèves à laquelle nous assistons.

C’est très rassurant de constater que, mis au pied du mur et malgré leur épuisement, plutôt que de tourner le dos à leurs syndicats, les travailleuses et les travailleurs font plutôt souffler un vent de combativité. Ça donne l’espoir que tout est possible.

Ce vent de combativité arrive à un moment clé. En effet, vous êtes à même de constater qu’il y a un grand renouvellement dans nos organisations. C’est vrai à tous les étages. Il y a des changements dans la direction de nos organisations, que ce soit dans les syndicats, les conseils centraux, les fédérations et même la confédération. Il y a clairement une génération qui passe le flambeau. C’est l’occasion de se réinventer.

Nous sommes capables de faire de si grandes choses lorsque nous sommes mobilisés. Ce n’est pas vrai qu’il n’y a rien faire ! C’est faux que rien ne va jamais changer ! Si on est syndicalistes, c’est parce qu’on a décidé qu’on ne subirait pas. Il faut réussir à communiquer ça à nos membres. C’est la classe ouvrière qui a soutenu le Québec depuis plus de deux ans, ils en ont été les piliers, ce serait franchement dommage que ce soit la classe ouvrière qui en paie en plus la facture.

C’est avec tout ça en tête que le thème du congrès s’est imposé à nous. C’est le programme, la perspective que nous vous proposons pour le prochain mandat. À notre avis, la conjoncture actuelle : l’inflation et la pénurie de main-d’œuvre, mariées à la combativité et la volonté d’en découdre qui traverse nos rangs, nous permettront de faire des gains majeurs et d’améliorer les conditions de travail de toutes et de tous.

Évidemment, ça ne se fera pas tout seul. Il va falloir que l’on s’organise, que l’on se forme, que l’on se forme mieux encore. Au conseil central, nous sommes profondément convaincus que la formation des militants et des militantes, c’est le berceau de la mobilisation et de l’autonomie. Il faudra également que l’on se donne les moyens pour augmenter cette mobilisation et notre visibilité pour tenir la minute de plus. Dix minutes de plus s’il le faut. C’est le sens de la majorité des propositions qui vous seront soumises cette semaine.

Au terme de ce congrès, lorsque nous nous quitterons vendredi, nous avons la conviction qu’on va tous ressortir d’ici motivés de tout ce qui est arrivé depuis deux ans, fiers de tout ce qu’on a réussi à faire par nos luttes et déterminés plus que jamais pour celles qui s’en viennent.

Il ne faut pas se leurrer, avec ce qui s’en vient, nous n’aurons pas le choix de hausser le ton. On a de grosses négos qui s’en viennent. Il y a les sociétés de transport public — le Réseau de Transport de la Capitale et la Société de Transport de Lévis — dont la négociation va arriver à son apogée en septembre. Il y a Radio-Canada et Le Soleil qui sont déjà en négo. Il y a le secteur public aussi qui est au début de sa ronde de négociation. Les CPE et les paramédics suivront pas longtemps après. Ensuite, ce sera l’hôtellerie. Évidemment, tout ça en plus des négociations dans le secteur privé qui n’arrêtent jamais vraiment.

Il faut que le syndicalisme, pas juste le conseil central, mais bien l’ensemble de nos syndicats de notre mouvement, prenne sa place comme acteur social puissant sur la scène régionale. Pas seulement comme acteur respectable, mais, et je pèse mes mots, comme acteur puissant. Pour arriver à cette nécessaire puissance, il faut réhabiliter l’indignation, la colère et la contestation parce que notre force à nous, c’est la force du nombre. Et ensemble, à 50 000 militantes et militants, nous pouvons faire gronder la région et pourquoi pas, la revirer à l’envers ?

Vous savez, le mouvement syndical est né dans l’illégalité et a des racines contestataires. On n’a pas à en avoir honte, mais plutôt en être fier. Oh, bien sûr, nous ne sommes pas contre le dialogue social, mais force est de constater que ce n’est pas suffisant pour faire des gains appréciables et améliorer le sort de notre monde. Ça prend obligatoirement un rapport de force. Alors, on dialoguera quand on aura la certitude qu’on va nous écouter. Quand on sera tellement mobilisés qu’ils n’auront juste pas le choix de s’assoir avec nous, de mettre leurs yeux dans les nôtres et de nous écouter.

Alors si ça vous va, à partir de maintenant, nous dirons merci de recevoir ce qui nous est dû. Mais nous ne dirons plus svp. Le temps de prendre est arrivé.

Vous savez, la solidarité et la mobilisation ne naissent pas spontanément le jour où nous devons faire le choix de partir en grève ou de revendiquer un dû. La solidarité et la mobilisation naissent plutôt au détour d’un café partagé, d’un sourire échangé, d’une main tendue, de liens tissés hier et aujourd’hui, mais aussi, chers congressistes, elles vont naître, je vous le promets, au détour d’un congrès.

Nous avons dans le cœur les 50 000 membres du conseil central et dans la tête toutes les idées pour vous accompagner dans votre mobilisation. Pour vous accompagner dans vos luttes. Pour qu’on les gagne. Ensemble.

 

Vive les travailleuses et les travailleurs mobilisés !

Vive les syndicats combatifs et solidaires !

Vive le Conseil central de Québec–Chaudière-Appalaches (CSN) !

Vive la CSN !

 

Bon congrès, bons débats.