Journée internationale des droits des femmes – 8 mars 2021

C’est sur le thème Écoutons les femmes que se déroulera cette année la Journée internationale des droits des femmes. Le slogan Écoutons les femmes met en lumière la nécessité d’agir pour une égalité pérenne: les femmes veulent des mesures concrètes et structurantes pour combattre la pauvreté et la violence qu’elles subissent afin d’améliorer leurs conditions de vie et de travail. Elles veulent être écoutées et… entendues! 

Par Barbara Poirier, vice-présidente


Déjà un an

L’édition de cette année marquera, à quelques jours près, un anniversaire tristement inoubliable : celui de la mise en place de mesures sanitaires strictes en raison de la COVID-19, à la mi-mars 2020.

Depuis ce moment, les conditions de vie et de travail des femmes se détériorent à vue d’œil… et elles ont payé le prix fort : plus grande perte d’emplois et de revenus, escalade de la gravité de la violence conjugale, augmentation du travail invisible (charge mentale, soins aux enfants, aux aîné-es et aux personnes vulnérables, travaux domestiques, les femmes font en moyenne 10h de travail invisible de plus que les hommes par semaine).  

Tout ce qui est revendiqué depuis des décennies pour contrer les inégalités, la pandémie le fait ressortir davantage. Les discriminations sont exacerbées et nous pouvons même affirmer sans aucun doute que la crise sanitaire a été, et est toujours à ce jour, révélatrice d’inégalités. 

Une crise pour les travailleuses

Selon un rapport de l’Association pour la santé publique du Québec (ASPQ) et de l’Observatoire québécois des inégalités, dévoilé en décembre dernier, la crise sanitaire a eu des impacts disproportionnés sur la santé physique et mentale des femmes et sur leur qualité de vie.

Ce sondage révèle que plus de femmes que d’hommes ont perdu leur emploi, soit temporairement soit définitivement, durant la crise sanitaire. Par ailleurs, les femmes qui ont gardé leur emploi ont dû transformer complètement leur quotidien. S’occuper des tout-petits et accomplir leurs tâches professionnelles en parallèle est extrêmement complexe : tout en diminuant leurs heures de travail, elles doivent répondre aux mêmes objectifs de l’employeur et contourner les problèmes engendrés par la fermeture des écoles et des services de garde ou la suspension des activités de loisirs des enfants.

Les données d’Emploi-Québec révèlent qu’en mars 2020, 167 900 femmes avaient été mises à pied au Québec comparativement à 96 100 hommes. Pourquoi un si grand écart? Parce que les pertes d’emplois ont principalement été infligées aux personnes occupant des postes précaires ou des postes peu rémunérés. Deux catégories où les femmes sont surreprésentées depuis toujours. En septembre, soit sept mois après le début de la crise sanitaire, la comparaison des données avec celles de février montrait que la baisse de l’emploi touchait encore plus les femmes (- 81 900 emplois) que les hommes (- 31 700 emplois). Les inégalités existantes en matière d’emploi se sont donc aggravées. 

Comme les femmes composent plus de 80 % du personnel de la santé et des services sociaux, du réseau de l’éducation, des services de garde éducatifs à l’enfance ainsi que du secteur du commerce de détail; elles ont été et sont encore sur la ligne de front. Sans surprise, les conséquences de la pandémie se sont donc avérées particulièrement éprouvantes pour elles. Ces travailleuses ont eu à affronter au quotidien les difficultés de santé et de sécurité entraînées par la situation exceptionnelle que nous connaissons; elles ont veillé sur leurs concitoyennes et concitoyens dans les hôpitaux, les CHSLD et autres établissements de santé, les services à domicile et les services de garde ainsi que dans les écoles. Aussi bien dire qu’elles portent les services publics sur leurs épaules! 

Comme si ce n’était pas suffisant, nous apprenons également que François Legault souhaiterait un retour à l’équilibre budgétaire d’ici cinq ans! Imaginez les impacts catastrophiques pour les travailleuses du réseau public. Une telle volonté amènerait obligatoirement des politiques visant à réduire les dépenses publiques et donc, une série de compressions budgétaires. C’est assurément sur le dos des travailleuses que cela se ferait.

En plus d’avoir soutenu le Québec depuis mars 2020, il faudra en plus que nous en payions, encore une fois, le prix? Permettez-moi d’être inquiète et insultée devant tant d’injustices!


Extrait du numéro de mars 2021 du journal Le Réflexe