L’équipe actuelle du conseil central, quelques semaines avant la crise.

Le conseil central au temps de la Covid-19

Maintenir le cap en pleine tempête

Le Conseil central de Québec–Chaudière-Appalaches (CSN) aura réussi le tour de force, comme le reste de la CSN d’ailleurs, de maintenir les services aux syndicats tout en étant forcé de fermer ses bureaux et de faire passer son équipe en télétravail. Le Réflexe propose un premier état des lieux.

Par Nicolas Lefebvre Legault, conseiller à l’information


Comment l’équipe s’est redéployée

« Aussitôt qu’on a eu toute l’information sur l’ampleur de la crise, on a fait le point sur l’état de la situation », se rappelle Pierre Lachance, coordonnateur du conseil central, « on a commencé par renvoyer à la maison, en télétravail, les personnes immunosupprimées et celles à la santé fragile ». Les évènements ont déboulé par la suite.

« On a eu plusieurs réunions pour se doter d’un plan de travail pour communiquer avec les membres et répondre à leurs besoins », explique Pierre Lachance, « dès le début, on s’est donné comme objectif de rejoindre tous nos syndicats pour s’informer de leurs besoins, répondre à leurs questions et les informer des prestations disponibles. On les a pratiquement tous rejoints et on est à même de constater que c’est apprécié, les gens sont contents qu’on les appelle ».

Lorsque les bureaux ont dû fermer, l’équipe s’est assurée d’en informer les membres, de prendre tous les dossiers en cours, le matériel nécessaire pour le télétravail et de faire transférer les lignes des bureaux vers les cellulaires, pour ne manquer aucun appel. 

Le comité exécutif a veillé à maintenir la proximité et la cohésion entre les membres de l’équipe. « Habituellement, on se voit au quotidien et l’information circule naturellement dans les bureaux, c’est important de prendre les moyens pour que l’information continue de circuler et éviter de travailler en silo », indique la présidente du conseil central, « le comité exécutif se réuni tous les jours et l’équipe au moins une fois par semaine pour partager l’information. On a été obligé d’annuler l’assemblée générale du 1er mai, mais on a tenu une rencontre du conseil syndical ». 


Les formations annulées

« Il a fallu annuler avec tristesse le calendrier normal de formations », explique Barbara Poirier, la vice-présidente responsable de la formation, « mais, c’est sûr que les besoins sont toujours là, on y répond de manière individuelle pour le moment ». L’équipe travaille actuellement sur le calendrier de formations de l’automne. « Il est hors de question qu’il n’y ait pas de formations au conseil central l’automne prochain », lance Barbara Poirier, « mais ça se peut que l’on doive adapter nos formules habituelles pour respecter les consignes de la santé publique, on verra ». 


Trésorerie

Louis Hamel, le trésorier du conseil central, mentionne que tous les services en matière de trésorerie sont maintenus, à distance. « C’est sûr qu’on ne peut pas s’assoir avec les gens comme d’habitude, mais nous sommes toujours disponibles et on donne le support aux trésoriers des syndicats », explique-t-il, « on s’adapte, ça se fait à distance, au téléphone ».


Répondre aux besoins des syndicats

« On continue de répondre aux syndicats pour les questions de chômage et de référer aux bonnes personnes pour les questions de santé-sécurité au travail », explique Pierre Lachance, « les conseillers du conseil central continuent d’être en lien étroit avec les conseillers des fédérations pour réagir à toute situation ».

« Il a fallu adapter notre façon de répondre aux besoins et diffuser l’information aux syndicats », explique Ann Gingras, « l’équipe a produit des outils pour les syndicats comme des tableaux forts appréciés sur les prestations disponibles pour les travailleuses et les travailleurs, un guide sur le retrait préventif et un forum virtuel en santé-sécurité. On a vraiment optimisé les réseaux sociaux pour que ce soit des sources d’information ». Évidemment, le travail habituel de soutien en matière de communication a été maintenu, que ce soit par le contact régulier avec les médias, des communiqués de presse ou la production de capsules vidéo (ou du journal).

« Le quotidien d’une organisation syndicale est fait de rencontres et de réunions, ça se joue dans les relations sociales entre les gens et dans la fonction de conseil politique », explique Ann Gingras, « il faut que l’on soit capable de continuer à participer à des assemblées générales, des rencontres de secteur, des instances du mouvement, c’est juste qu’en ce moment on le fait différemment, par des moyens virtuels (Skype surtout, mais aussi par conférence téléphonique) ». 


Retour vers le futur

« Notre première préoccupation, quand la crise a éclaté, a été envers nos syndicats », se rappelle Barbara Poirier, « on a regardé autour de nous pour prendre la température de l’eau et voir l’ampleur des dégâts. On constate que les syndicalistes sont devenus des guerriers et des guerrières dans cette crise, c’est rassurant et ça nous remplit de fierté. »

« C’est important que le mouvement continue d’échanger et de faire des mises en commun, le grand défi c’est d’éviter l’isolement », croit Ann Gingras. Les instances de la CSN ont tenu le coup. « Notre première instance a été un bureau confédéral où nous n’avons pas eu le choix de décider de reporter le congrès de la CSN, initialement prévu en mai, à la semaine du 18 janvier 2021 », raconte la présidente du conseil central, « il y a eu plusieurs autres rencontres ainsi que des réunions des présidences des fédérations et des conseils centraux animées par le président de la CSN, c’est important pour être capable de maintenir une certaine cohérence à travers le Québec ».

« Pendant la crise, la grande priorité a été d’abattre les cloisons et de ne pas travailler en silo, je pense que c’est important de garder cette orientation et de continuer de développer le travail syndical dans ce sens-là », conclut Ann Gingras, « il va falloir que l’on revoie notre façon de faire, on est un mouvement de rencontres, de réunions d’humains, il faudra s’adapter selon les nouvelles consignes de la santé publique tout en s’assurant que ce soit pas tout l’aspect démocratique qui en souffre en bout de ligne. Je suis convaincue que nous allons en sortir renforcis ». 


Condition féminine

Une nécessaire prise de conscience

« La crise a un impact encore plus grand sur les femmes », affirme Barbara Poirier, la responsable politique de la condition féminine au conseil central. La crise a révélé à quel point tous les bas salarié-es sont essentiels au fonctionnement de notre société. 

« Il faut dire que 80 % des bas salarié-es, dans le public comme le privé, sont des femmes », dit Barbara Poirier, « on est dans le care, les services à la personne, en plus, à cause de la nature de nos emplois, ça a été particulièrement difficile pour nous, et là on ne parle même pas de la question de la violence conjugale ».

« J’espère qu’il va y avoir une prise de conscience à la suite de la crise, face à l’importance du travail des femmes dans la société », dit Barbara Poirier. Selon elle, « le comité des femmes du conseil central a su trouver encore plus de matière à militer, la crise met en lumière toutes les raisons d’être féministes aujourd’hui ». 


Extrait du numéro de mai 2020 du journal Le Réflexe.