Le temps des Fêtes est toujours un moment propice pour vivre la nostalgie des Noëls passés.

Cette année, plus que d’habitude, c’est plutôt la nostalgie des conjonctures passées qui m’envahit. Peut-être le tour d’horizon des 100 ans d’existence du conseil central contribue-t-il un peu à cet état d’esprit ou peut-être bien la lutte que mènent les syndiqué-es de la SAQ, je l’ignore.

Je ne peux que regretter un contexte où la solidarité était plus qu’un mot et que la lutte des uns était réellement la lutte de tous et de toutes. Une époque où on luttait pour définir le Québec et se doter d’un filet social.

Aujourd’hui, comment comprendre qu’une ligne de piquetage ne veut plus rien dire pour plusieurs dans la société? De plus, nombreux sont les autocollants sur les voitures affichant le slogan « Tannés de payer ». Au fait, tannés de payer quoi? Payer pour un système de santé qui sert de rempart contre la pauvreté si jamais la maladie nous frappe? Ou tannés de payer pour un système d’éducation qui permet à tous et à toutes d’aspirer à un meilleur avenir indépendamment de son portefeuille?

Manifestement, l’individualisme rampant a une emprise effroyable sur la société de façon générale. D’un sentiment de responsabilité collective, nous avons bifurqué vers un chacun pour soi, bref, au plus fort la poche. Le « je, me, moi » prend le dessus dans le vocabulaire tout comme dans le comportement et ce, au détriment du « nous ».

Nous devons absolument nous poser des questions sur le type de société que nous voulons avoir. Plus encore, nous devons réaffirmer les valeurs d’autrefois à l’égard des personnes qui décident de livrer une lutte pour le respect et la reconnaissance. Surtout, nous devons nous méfier de la tendance lourde qui cherche à niveler vers le bas et ne pas se convertir en juge et partie du bien-fondé d’une lutte. Que ce soit la SAQ, le syndicat des postiers ou autres, attention! Un jour, ce sera peut-être au tour de ceux et celles qui se regardent le nombril de chercher des appuis à leur cause.


Chantier naval et Sico – Des emplois

Les travailleurs et les travailleuses de la Davie en ont vu d’autres. Photo croquée lors de la visite d’Andrew Sheer au chantier, le jour de la dernière annonce du fédéral.

Cette année, les Fêtes vont malheureusement ressembler aux Fêtes de l’an passé pour les salarié-es de la Davie. Seulement 62 personnes sont au travail actuellement, malgré l’annonce en grande pompe par le gouvernement fédéral d’un contrat pour des brise-glaces qu’on attendait pourtant depuis janvier dernier. Les emplois promis sont loin d’être au rendez-vous, encore moins depuis « l’annonce historique » d’il y a quelques semaines concernant l’entretien de douze frégates, à compter de 2021 seulement. Sur les douze frégates, le chantier naval de Lévis doit partager les contrats avec, bien oui, Seaspan et Irving, dont les carnets de commande sont remplis pour les trente prochaines années. D’ici là, rien! Pour ajouter l’insulte à l’injure, au lendemain de l’annonce, le ministre fédéral de la défense, Harjit Sajjan, se rendait à Halifax pour annoncer… encore une nouvelle construction. C’est d’autant plus insultant que le gouvernement Trudeau dénonce sans cesse la décision du gouvernement conservateur de 2011 d’avoir désigné Seaspan et Irving dans la stratégie nationale de construction maritime, mais ne fait aucun effort pour rétablir justice et équité à l’égard du dernier grand chantier naval au Québec. Avec un nouveau gouvernement au Québec, nous devons réitérer notre soutien à la Davie.

Du côté de Beauport, c’est le 14 novembre dernier qu’est tombée l’annonce de la fermeture de l’usine Sico le 1er septembre 2019. Les représentants de la haute direction de PPG l’ont annoncée aux employé-es… en anglais, à l’aide d’un traducteur. Quel mépris! Sico est la propriété de PPG (Pittsburgh Plate Glass) depuis 2012, dont le siège social est situé à Pittsburg. Il constitue la perte incroyable pour le Québec d’une entreprise qui y a vu le jour il y a plus de 80 ans. Il n’y a jamais de bon moment pour apprendre la perte d’un emploi, mais dans ce cas précis, les 70 personnes apprennent cette fermeture juste avant le temps des Fêtes. Une décision d’affaires qui découle froidement du besoin des actionnaires de se remplir toujours plus les poches. Nous mettrons tout en œuvre afin d’apporter notre soutien au syndicat pour que les droits de ces 70 personnes soient respectés.

Que ce soit du côté du chantier naval ou de Sico, les drames que vivent ces hommes et ces femmes ne doivent laisser personne indifférent et nous devons nous en indigner collectivement.

Sur ce, au nom du comité exécutif et de l’équipe du conseil central, je vous souhaite un joyeux temps des Fêtes en toute solidarité!

==

Extrait du numéro de décembre 2018 du journal Le Réflexe