Une déclaration commune

Depuis octobre 2017, une grande vague de solidarité féministe, a déferlé en Occident sous forme de dénonciations de milliers de femmes via le mouvement #MoiAussi (#MeToo).

Par Louise Néron

2e vice-présidente et responsable de la condition féminine

La lettre signée par l’actrice Catherine Deneuve et d’autres personnalités françaises qui défendaient le « droit d’importuner » accordé aux hommes à provoquer la création d’un nouveau mouvement chez nous. Une centaine de féministes Québécoises invitent maintenant la population à poursuivre la lutte contre les agressions sexuelles avec une nouvelle initiative nommée Et maintenant? Voici la déclaration que nous vous invitons à signer et à partager afin de poursuivre la lutte contre les agressions sexuelles. Les travailleuses syndiquées, préoccupées depuis toujours par la question du harcèlement sous toutes ses formes, se sont dotées de moyens pour le combattre et imposer la prévention dans nos lieux de travail, par le biais de leurs conventions collectives. Nous devons poursuivre nos actions afin de contrer définitivement ces pratiques indésirables et signer la déclaration est un pas de plus pour l’obtention de nos droits légitimes.


Et maintenant ?

#MoiAussi, #MeToo, #Balancetonporc : depuis octobre et l’affaire Weinstein, des millions de femmes, de plusieurs pays et cultures, ont uni leurs voix pour dénoncer différentes formes de violence sexuelle. Elles ont dit : « C’est assez. » Le silence doit cesser et la honte, changer de camp.

Au-delà d’Hollywood, cet élan, insufflé d’abord par la militante Tarana Burke il y a dix ans, est celui des travailleuses à bas revenu, des mères de famille, des femmes célèbres ou marginalisées, des adolescentes et des sexagénaires. Leur parole a soulevé partout un vent de reconnaissance, d’empathie, d’espoir fabuleux… et certains débats. Tant mieux. Qui voudrait, en démocratie, de la pensée unique ?

Le constat est néanmoins troublant : partout dans la société, les femmes sont exposées aux diverses formes de violence ou d’agression sexuelles. Comment se fait-il qu’au terme de décennies de lutte pour l’égalité entre les sexes, tout cela continue de miner l’existence et les opportunités dont jouissent les femmes ?

Nous savons faire les nuances nécessaires. Oui, il y a une différence entre un commentaire sexiste et une agression sexuelle. Mais un acte a-t-il besoin d’être criminel pour être inapproprié ? S’il est posé sans le consentement de la personne, s’il se répète, si le refus entraîne des représailles, cet acte est un abus de pouvoir. Il n’a pas pour but de séduire, mais d’asseoir une domination.

Les femmes n’acceptent plus d’être réduites au statut d’objets du désir masculin. Elles veulent poser leurs limites, dire

« non » sans craindre le renvoi, l’insulte ou la violence. Il ne s’agit pas de jouer à la police des mœurs, d’empêcher le jeu de la séduction… ou de lancer une chasse aux sorciers. Chercher justice n’est pas crier vengeance.

Les choses changent et les révolutions suscitent toujours de l’inconfort. Néanmoins, les retombées de #MoiAussi sont positives. La réflexion et le dialogue se sont amorcés, positivement, dans l’intimité comme dans l’espace public. Tant de femmes, tant d’hommes y voient un souffle et de l’espoir. Ce n’est pas de victimisation dont il est question mais d’une force qui enfin s’affiche.

Et maintenant ? Nous voulons continuer sur cette lancée, les hommes à nos côtés. Tellement reste à faire ! Afin que les politiques publiques, la culture des entreprises et des institutions, les contenus médiatiques – et oui, les relations amoureuses et sexuelles – évoluent dans le sens d’une véritable égalité entre les genres.

Nous vous invitons à joindre ce mouvement, pour que désormais les « non » s’élèvent quand il le faut. Pour que ce soit à nos désirs et à nos amours qu’ensemble, hommes et femmes, nous disions « oui ».

Instigatrices de la déclaration: Aurélie Lanctôt, Léa Clermont-Dion, Josée Boileau, Francine Pelletier, Françoise David, Elisabeth Vallet


Extrait du numéro de février 2018 du journal Le Réflexe