Lancée en 2010 par le gouvernement Harper, la Stratégie nationale en matière de construction navale était un projet à long terme visant à renouveler la flotte fédérale canadienne de navires. Pour ce faire, le gouvernement a formé, à l’époque, des partenariats avec deux chantiers navals canadiens, Seaspan sur la côte ouest et Irving dans les maritimes. Seaspan doit livrer des navires non destinés au combat pour la Garde côtière canadienne ainsi que des navires de soutien non destinés au combat pour la Marine royale canadienne. Irving s’est vu confier la responsabilité de construire les navires de combat pour la Marine royale canadienne. Cette stratégie devait générer des retombées économiques pour la population canadienne et permettre de rebâtir l’industrie de la construction navale de notre pays. Huit ans plus tard, force est de constater que la stratégie maritime est à la dérive…

Rien ne va plus ! À ce jour, aucun navire n’a été livré par les deux chantiers choisis. Les coûts explosent et les échéanciers sont tous dépassés. Les besoins sont tout simplement trop grands. De plus, malgré des investissements publics pour moderniser leurs infrastructures, pourtant interdits par les appels d’offres de l’époque, ces deux chantiers sont incapables de répondre à la demande, ni dans le temps prévu ni dans le budget établi. La Stratégie nationale en matière de construction navale était viciée au départ. En effet, elle exclut le plus gros chantier maritime qui représente, à lui seul, la moitié de la capacité de production du pays. La situation se détériore à grande vitesse, que ce soit en ce qui concerne les brise-glaces vieillissants qui ne fournissent plus à la tâche ou le ravitaillement de la marine qui doit être sous-traité à des pays étrangers.

Pire encore, loin de permettre de rebâtir l’industrie de la construction navale au pays, la nature exclusive des partenariats conclus est en train de mettre en danger le chantier maritime Davie. Au lieu de rebâtir, on détruit… alors que des contrats de construction sont envoyés outre-mer, par Irving et Seaspan, faute de disponibilité. C’est honteux ! Il est grand temps de se rendre à l’évidence, il faut rouvrir la Stratégie nationale en matière de construction navale pour inclure un troisième chantier. Le Canada et la Davie ont besoin l’un de l’autre, c’était une folie de penser pouvoir s’en passer.

Un consensus existe à l’Assemblée nationale et chez plusieurs experts. La CSN persiste et signe : Monsieur Trudeau, il est temps de corriger l’injustice commise contre le chantier naval de Lévis. On ne peut plus justifier l’injustifiable. Votre gouvernement nous rappelle régulièrement que les conservateurs sont à l’origine du gâchis. Je veux bien, mais maintenant, depuis plus de deux ans et demi, vous avez le pouvoir de le corriger. Vous en avez le devoir moral ! Ne pas le faire, c’est contribuer de façon éhontée à une injustice subie depuis trop longtemps par bon nombre de travailleurs et de travailleuses, leurs familles et l’économie régionale. C’est tout le Québec qui est ainsi giflé. Monsieur Trudeau, érigez-vous en gouvernement responsable de l’argent des contribuables et de la sécurité des citoyens et citoyennes. Nous n’attendons rien de moins !

 

Ann Gingras, présidente

Conseil central de Québec–Chaudière-Appalaches (CSN)