Le 15 novembre dernier se tenait une rencontre des syndicats du secteur de l’éducation pour élaborer une stratégie d’intervention du conseil central en vue des prochaines élections provinciales.

Par Nicolas Lefebvre Legault, avec des notes de Louise Néron

Louise Néron, 2e vice-présidente du conseil central, Yves Fortin, secrétaire général, et Pierre Mercure responsable à la vie régionale de la région métropolitaine de Québec.

Des syndicats de chargé-es de cours, de professeur-es de cégep et de collèges privés et des syndicats du soutien scolaire des commissions scolaires et des cégeps étaient représentés. La rencontre a permis de faire un premier état des lieux de l’impact des coupes en éducation dans notre région. Les syndicats ont convenu d’intervenir lors de la prochaine assemblée générale du conseil central et de se revoir en mars pour élaborer des sorties publiques s’adressant à la population.

Yves Fortin, secrétaire général du conseil central et responsable politique du dossier de l’éducation au comité exécutif a mis la table en expliquant les objectifs de la rencontre.

« On veut élargir le débat à l’ensemble du mouvement CSN dans la région », a-t-il indiqué, « c’est le temps de brasser à la veille des élections et de reparler d’éducation ».

L’objectif, dans un premier temps, est de faire l’état de la situation dans notre région après les grandes compressions. Dans un deuxième temps, Pierre Mercure, responsable du dossier de l’éducation au conseil syndical, propose de sortir du cercle des convaincus et de se réapproprier l’enjeu comme conseil central et comme syndicats. « Il faut replacer l’importance de l’éducation et se rappeler que l’éducation appartient au peuple comme étudiants, parents, grands-parents et travailleurs », pense-t-il.


L’impact de l’austérité

Les participantes et les participants de la rencontre en avaient long à dire sur les compressions en éducation et les effets ressentis.

On note, entre autres, un développement incohérent axé sur la compétition entre établissements, une surcharge de travail importante et une gestion chaotique qui ne tient plus compte ni des besoins des étudiantes et des étudiants ni de ceux des travailleuses et des travailleurs. Les établissements s’éloignent de plus en plus de leur mission qu’ils n’ont tout simplement plus les moyens de remplir adéquatement.

Alain Michaud, du Syndicat des enseignantes et enseignants du Cégep Limoilou ouvre le bal : « Notre directeur fait du développement d’affaires et invente des nouvelles versions des programmes pour attirer des étudiants. » Selon lui, ce n’est plus l’étudiant qui compte, mais le développement du collège, entre autres, par les cours en ligne et la formation continue, pour attirer plus d’étudiants. On se dirige de plus en plus vers une vision qui vise à répondre en priorité aux besoins du marché du travail. Une situation qui se vit aussi dans les commissions scolaires comme le souligne Éric Larouche du Syndicat du soutien scolaire des Navigateurs (CSN) « on essaie de pousser les jeunes dans les programmes de DEP pour combler les besoins de main-d’œuvre des entreprises sans se demander ce qu’ils veulent faire. Répondre aux besoins des milieux de travail est payant pour la commission scolaire qui reçoit des subventions de certains employeurs. »  


Les maux du présentéisme

Les coupes à répétition ont amené une importante surcharge de travail pour les employé-es du système d’éducation menant à l’éclosion d’un phénomène inquiétant : le présentéisme (le fait d’être présent au travail coûte que coûte).

Sylvie Rioux, du Syndicat du personnel de soutien du Collège de Limoilou explique « il n’y a pas d’argent pour remplacer les personnes malades, quand il y a des absences, il n’est pas possible de répondre immédiatement aux besoins, les élèves doivent attendre de longs délais pour recevoir de l’aide. » Dans bien des établissements, ce n’est qu’au cinquième jour d’absence qu’une personne est remplacée ce qui fait que le travail s’accumule et bien des gens préfèrent rentrer au travail, même malades. Une situation que connait bien Josée Chamberland, du Syndicat du soutien scolaire des Appalaches (CSN), « il y a des personnes qui refusent de prendre congé et qui partent trop tard, quand elles sont au bout du rouleau, en épuisement professionnel. » La syndicaliste révèle que dans sa commission scolaire il manque de personnel partout. « Il y a 21 personnes absentes impossibles à remplacer, les postes restent vacants, ça a un impact sur l’ensemble des travailleurs », dit-elle, soulignant le défi que ça pose pour l’implication syndicale (les personnes libérées ne sont pas plus remplacées que les personnes malades).

Comme si ce n’était pas suffisant, quand les titulaires de postes à temps plein quittent, trop souvent les directions préfèrent créer des postes à temps partiel parce que c’est moins couteux. Le système d’éducation est de plus en plus aux prises avec un grave problème d’attraction et de rétention de la main-d’œuvre. Faute de conditions de travail décentes, bien des jeunes préfèrent faire autre chose de leur vie.

« Il faut penser aux élèves, les employeurs administrent une bâtisse, ils sont là pour respecter des budgets », lance Jean Fournier du Syndicat des professeurs du Collège de Lévis, « quand on attaque les conditions de travail du personnel, il y a un impact direct sur les élèves ». Le gouvernement a abdiqué face au néolibéralisme en éducation et force les institutions à faire de même. Il y a urgence d’agir pour remettre sur ses pieds un système à la dérive, pour le bien du personnel et l’avenir de nos enfants et petits-enfants.  


Un panel lors de la prochaine AG

Lors de la prochaine assemblée générale du conseil central, le 8 février 2018, il y aura un panel sur les enjeux en éducation. Stéphanie Demers fera une présentation historique sur le rapport Parent et l’éducation primaire et secondaire, Sylvain Marois fera un état des lieux sur l’effet des coupes et les défis en éducation supérieure et Pierre Mercure abordera les effets au plan régional et quelques idées d’actions communes.


Extrait du numéro de décembre 2017 du journal Le Réflexe