Manifestation contre la loi spéciale, plusieurs en avaient long à dire.

Le gouvernement libéral a choisi de casser la grève de l’industrie de la construction en présentant, lundi dernier, un projet de loi spéciale mettant fin à la grève générale des quelques 170 000 grévistes. La loi prévoit le maintien des conventions collectives, la reprise des négociations avec un médiateur et un arbitrage obligatoire si les parties n’arrivent pas à une entente d’ici au 30 octobre.

Les travailleurs et les travailleuses ont envahi les terrains autour du Parlement (ici les remparts).

Comme le régime de négociation de l’industrie de la construction interdit les augmentations de salaire rétroactives, le gouvernement décrète une hausse de salaire immédiate de 1,8 % ce qui est une bonne chose puisque les syndiqué-es perdaient en moyenne 55 $ par semaine depuis l’arrivée à échéance de la convention collective. Notons par contre que la dernière offre patronale était de 1,9 %, ce qui rend le décret pour le moins effronté. La hausse décrétée ne dispose toutefois pas de la négociation sur les salaires.

La CSN était présente en nombre à la manifestation.

Les syndicats de la construction comptent contester la légalité de la loi, en effet, une nouvelle jurisprudence nous venant de l’ouest canadien indique que le droit de grève est indissociable de la liberté d’association et qu’il ne devrait pas être entravé. Dans l’immédiat, les grévistes ont réagi en organisant une manifestation massive devant l’Hôtel du Parlement pendant que l’Assemblée nationale débattait de cette loi spéciale (voir photos). Nous y étions évidemment en appui à nos camarades.

« Les travailleuses et les travailleurs de la construction sont en colère, et avec raison. Les associations patronales n’ont pas négocié de bonne foi et ont préféré attendre une résolution politique d’un conflit privé. C’est de la mesquinerie à l’état pur. C’est devenu banal avec le temps, mais il faut le dire et le redire: quand le gouvernement se mêle de casser une grève avec une loi spéciale, c’est un déni de démocratie. Que l’on travaille dans le secteur public ou dans le secteur privé, la réalité concrète c’est qu’au Québec, le droit de grève est une fiction en 2017. Dès qu’une grève dérange, dès qu’un rapport de force réel est engagé, l’État intervient avec toute sa puissance: sanctions, injonctions, lois spéciales. Le message que le gouvernement envoie c’est qu’il est prêt à fouler aux pieds les droits fondamentaux des travailleuses et des travailleurs dès lors que le cours normal des choses est un tant soit peu dérangé. C’est indigne d’une société de droits et ça dénote une fois de plus le parti pris patronal de ce gouvernement. Au conseil central, nous sommes solidaires des grévistes et tenons à leur manifester toute notre solidarité ». – Ann Gingras, présidente du Conseil central de Québec–Chaudière-Appalaches (CSN)