Tout indique que les travailleuses et les travailleurs de la construction seront en grève le 24 mai prochain. Il y a eu une démonstration de force mardi avec des assemblées de masse simultanées dans 11 villes (voir photo), mais s’il n’y a pas de règlement, les différents syndicats de la construction annoncent une journée de grève le 24 mai.

Les négociations dans le secteur de la construction qui se font en alliance syndicale cette année fonctionnent d’une manière bien particulière. En effet, en plus d’une table centrale pour les enjeux monétaires, il y a notamment, quatre secteurs distincts et quatre conventions collectives à régler en plus de tables particulières pour les enjeux spécifiques à certains métiers.

La partie syndicale est confiante, nos sources nous indiquent qu’on semble près d’un règlement dans la plupart des secteurs, mais que c’est plus problématique avec le secteur « institutionnel, commercial et industriel » (ICI) ». Or, les membres de l’Alliance syndicale ont convenu que tous les secteurs seraient solidaires les uns des autres et qu’il était hors de question de rentrer tant que tous n’auraient pas une convention satisfaisante.

Même si le risque d’une loi spéciale est toujours présent, les syndicats sont bien organisés pour la bataille qui s’annonce. L’Alliance syndicale a convenu d’un quartier général commun dans la région où les syndicalistes convergeront le 24 au matin. En effet, le secteur de la construction étant ce qu’il est, un mot d’ordre syndical ne suffit pas pour faire cesser le travail comme par magie. Les employé-es ont énormément de pression des patrons et plusieurs risquent leur emploi s’ils ne se présentent pas au travail. La tradition est donc de faire le tour des chantiers ouverts avec les militantes et les militants pour les fermer les jours de grève.

Les enjeux de la négociation

La partie patronale a recyclé la plupart de ses demandes de la dernière ronde de négociation. Ils veulent notamment plus de flexibilité dans les horaires, par exemple faire travailler les gens le samedi pour récupérer un jour d’intempérie ou encore pouvoir changer les quarts de travail à volonté dans la même semaine (une personne pourrait ainsi travailler de jour une partie de la semaine et de soir une autre), le tout sans avoir besoin de contacter le syndicat majoritaire du chantier pour obtenir son aval. Dans le même ordre d’idées, la partie patronale aimerait abolir le temps double et obtenir toute une série d’assouplissements à la convention collective.

Du côté syndical, on a plutôt axé les demandes sur le maintien des acquis et la conciliation travail-famille. Les syndicats revendiquent notamment un nouveau congé sans-solde pour s’occuper d’un enfant avec une garantie de retour à l’emploi. La partie syndicale souhaite aussi intégrer à la convention collective des éléments qui sont déjà dans la loi en matière de santé et sécurité au travail pour pouvoir lever des griefs et avoir plus de prise sur ces enjeux.

Au plan salarial, l’Alliance syndicale demande des augmentations de 1,14 $ la première année, 1,17 $ la seconde et 1,27 $ la troisième avec un 0,50 $ supplémentaire pour les plus bas salarié-es. L’objectif est d’y aller avec des demandes monétaires précises, plutôt que des pourcentages afin de réduire les écarts salariaux entre les différents corps de métiers. Finalement, pour ce qui est des vacances, des jours fériés et des congés de maladie, l’Alliance syndicale demande de passer de 13 % à 13,5 % dans une optique de rattraper le retard.

Un enjeu CSN : les arpenteurs

Au plan stratégique, la CSN-Construction avait des demandes spécifiques pour les arpenteurs qu’elle représente. Concrètement, le syndicat demande que les arpenteurs aient l’exclusivité sur leur travail (actuellement, n’importe qui capable de se servir des outils peut remplir certaines tâches des arpenteurs). Les militantes et militants étaient prêts à foncer sur cet enjeu, mais malheureusement, plutôt que d’intégrer la demande dans les demandes centrales, celle-ci a été reléguée aux tables particulières ce qui fait que les arpenteurs membres de la CSN-Construction ne pourront, une fois de plus, compter que sur leurs propres moyens.

Les forces en présence

L’Alliance syndicale représente les 175 000 travailleuses et travailleurs de la construction dans le cadre des négociations de la construction. Elle regroupe les cinq syndicats représentatifs de la construction, soit la FTQ-Construction, le Conseil provincial (International), le Syndicat québécois de la construction (SQC), la CSD Construction et la CSN-Construction.

La CSN-Construction de Québec–Chaudière-Appalaches compte 3 000 membres et est affiliée au Conseil central de Québec–Chaudière-Appalaches (CSN)