La formule retenue pour le congrès, vidéo d’intro suivie d’un panel, a favorisé les échanges et permis de multiplier les voix entendues. (Photo : Simon Clark)

Le congrès des syndicats

Plutôt que de s’en remettre à des experts et des conférenciers, l’équipe du conseil central a plutôt misé sur l’expertise des syndicats pour ce congrès.

« La très grande majorité des personnes intervenant sur des panels et la totalité de celles apparaissant dans les vidéos étaient issues des syndicats de la région », explique le secrétaire général du conseil central, François Proulx-Duperré, « on dit toujours que c’est le congrès des syndicats, mais là c’est encore plus vrai. » Les blocs portant sur la mobilisation, l’intégration des personnes immigrantes et finalement l’environnement ont été ainsi portés par l’expérience vécue dans la région. Cette formule, vidéo d’introduction suivie d’un panel, a favorisé les échanges et permis de multiplier les voix entendues.

« C’est un congrès qui a été résolument moderne, autant dans la forme que le contenu », pense le secrétaire général, « la forme hybride n’est pas à négliger, ça a permis d’avoir des dizaines de personnes de plus qui n’auraient pas pu participer sinon, sans ça, ça n’aurait pas été aussi riche. » Notons que le conseil central est la seule organisation de la CSN à avoir maintenu la formule hybride pour ses instances, ce qui fut finalement payant, une nouvelle vague de Covid pointant justement le bout du nez au moment du congrès.

Après-pandémie et syndicalisation

Le congrès fut également l’occasion pour des membres du comité exécutif de la CSN de venir présenter certaines campagnes de la confédération. Ce fut notamment le cas de la troisième vice-présidente, Katia Lelièvre, qui est venue faire le point sur la prochaine campagne confédérale intitulée « le travail, mais en mieux ! » Après consultations larges des membres, il appert que le bien-être au travail et la santé-sécurité sont leurs deux grandes priorités dans l’après-pandémie. La campagne confédérale se déploiera notamment par une nouvelle formation pour outiller les responsables de la mobilisation ce printemps et à l’automne ainsi que par des actions dans les milieux de travail et durant et après la campagne électorale.

David Bergeron-Cyr, deuxième vice-président, est venu parler de syndicalisation et de discours populiste. Son message est limpide : on ne peut se contenter du statu quo si on veut conserver notre pertinence comme mouvement. À 38 %, le taux de syndicalisation au Québec demeure enviable par rapport au reste du continent (où il est en chute libre). Les chiffres sont toutefois trompeurs, en effet le taux de syndicalisation n’est que de 23,5 % dans le secteur privé et l’industrie de la construction vient fausser la donne. De plus, les secteurs traditionnellement fortement syndiqués sont en perte de vitesse et les gouvernements ont clairement un agenda hostile face au mouvement syndical. En clair, pour croitre, voire simplement pour conserver notre poids relatif, on ne peut se contenter de faire du maraudage. Il y a 1,9 million de travailleuses et de travailleurs non syndiqués au Québec, dont 90 % sont dans le secteur privé, il est là l’avenir du mouvement.

Élections

Qui dit congrès, dit élections ! Dans le cas du conseil central, ce sont les membres du comité exécutif, du conseil syndical et du comité de surveillance qui sont élus en congrès. À noter, les cinq membres sortants du comité exécutif ont été réélus par acclamation. Du côté du conseil syndical, toutes les personnes qui se représentaient ont été réélues, ce qui n’exclut pas un important renouvellement puisque plusieurs postes étaient vacants. Finalement, tous les postes au comité de surveillance ont été pourvus. Comme il manquait des camarades lors des prises de photo, l’équipe complète vous sera présentée dans le prochain numéro du Réflexe.

Syndicalisation

Étant donné la montée du discours de la droite au Québec, l’ingérence des gouvernements dans les négociations et la volonté de certains acteurs politiques d’implanter des lois antisyndicales de type « Right-to-work », le congrès a enjoint les syndicats à préparer leur mobilisation afin de contrer toute initiative antisyndicale des gouvernements.

Dans le même ordre d’idées, le conseil central organisera un évènement thématique durant le mandat afin de promouvoir l’importance de la syndicalisation et de se donner les moyens pour y parvenir.


Toilettage des statuts

Le congrès fut l’occasion d’une mise à jour des statuts et règlements du conseil central. « Les statuts avaient été revus en profondeur en 1999, globalement c’était bon et c’était le reflet de nos pratiques », explique François Proulx-Duperré, le secrétaire général du conseil central. Deux points en particulier ont attiré l’attention des congressistes ; la représentation des syndicats nationaux dans les instances et le rôle du conseil syndical.

Syndicats nationaux

« Nous nous sommes penchés sur la situation des syndicats nationaux qui ont des membres sur notre territoire », explique François Proulx-Duperré, « on a revu les statuts pour leur accorder les mêmes privilèges que les autres syndicats en ce qui concerne leur représentation dans nos instances. » Jusqu’à maintenant, le nombre de délégué-es de ces syndicats était en effet sévèrement limité, peu importe leur nombre de membres sur le territoire.

« Ça va permettre à une vingtaine de syndicats, comme la CSN-Construction et le SEMB-SAQ par exemple, d’avoir plus de délégué-es dans les congrès et les assemblées générales », précise le secrétaire général, « on trouvait ça important de rétablir l’équilibre entre syndicats nationaux et locaux et de favoriser la participation de ces syndicats dans nos instances. » Surtout que, depuis la refonte des statuts, de très grands syndicats régionaux –dont certains ont plus de membres que bien des syndicats nationaux — se sont développés ou sont apparus dans le mouvement.

Conseil syndical

L’autre changement majeur concerne le conseil syndical. « On a décidé d’abandonner l’appellation Représentant à la vie régionale, RVR, au profit de celle de délégué-e », explique François Proulx-Duperré, « le terme n’avait jamais vraiment collé et il amenait beaucoup d’incompréhension alors que délégué-e est beaucoup plus facile à comprendre puisque c’est un terme beaucoup plus répandu dans le mouvement. »

« On est aussi allés jouer sur l’importance que l’on veut accorder aux membres du conseil syndical en ajoutant des éléments sur la mobilisation et le développement de la solidarité dans leur mandat », conclut le secrétaire général, « l’objectif c’est que les délégué-es ne soient plus seulement des représentantes ou représentants du conseil central et une courroie de transmission avec les syndicats affiliés, ça nous permet de les intégrer dans toutes les sphères de mobilisation sociopolitique qu’on actualise au conseil central. »

Centenaire

Jean Lortie, ancien secrétaire général de la CSN, a profité du congrès pour faire une présentation historique, en marge du centenaire de la CSN. Dans le même ordre d’idées, une copie du livre « Le Québec à l’ouvrage » et du DVD du documentaire « Les unions, qu’ossa donne ? » ont été remis aux congressistes. Avis aux intéressés, il en reste quelques copies au conseil central (premiers arrivés, premiers servis).


Extrait du numéro de septembre 2022 du journal Le Réflexe