Dans une décision rendue le 18 février, le Tribunal administratif du travail a ordonné à la Résidence Charlesbourg de réintégrer Marlène Ross à son poste. La militante, qui s’était blessée durant les Fêtes, effectue actuellement un retour progressif au travail à raison d’une journée semaine. « Le retour se passe bien ; notre résidence est en processus de vente et ça va bien avec la personne qui veut la racheter », explique Marlène Ross au Réflexe.

Par Nicolas Lefebvre Legault, conseiller à l’information


Congédiement pour activité syndicale

Marlène Ross, lors d’une manifestation d’appui organisée le 15 novembre dernier.

Rappelons que cette travailleuse, membre du comité exécutif du Syndicat des travailleuses et des travailleurs des centres d’hébergement privés de la région de Québec (CSN) et du comité de négociation provincial du secteur, avait été congédiée pour la troisième fois par son patron le 6 novembre dernier à cause de ses activités syndicales. La décision rendue lui donne raison sur presque toute la ligne. « M. Gancz [le propriétaire] était en mission pour faire la vie dure à Mme Ross, et ce, en raison de ses activités syndicales. Il la perçoit comme un élément négatif dont il désire manifestement se débarrasser », écrit le juge administratif Christian Drolet.

« Je travaille à la Résidence Charlesbourg comme cuisinière depuis 19 ans ; je n’avais jamais eu de problèmes avant qu’elle ne soit rachetée par le propriétaire actuel, il y a 13 ans », explique Marlène Ross. Herman Gancz, le propriétaire, a vraiment tout essayé pour se débarrasser du syndicat et de sa déléguée. « J’ai été congédiée deux fois et l’on a aboli mon poste deux fois ; j’ai aussi été rétrogradée, on a installé des caméras sur mon poste de travail et j’ai subi toutes sortes de représailles dans le but de me faire démissionner », raconte la militante, qui affrontait son patron cet hiver pour la cinquième fois au Tribunal administratif du travail. « Au début, je croyais qu’il finirait par en tirer des leçons, mais non, il y a toujours quelque chose. J’imagine qu’il aime ça payer [elle a eu gain de cause à chaque fois]. »

Il faut se tenir debout

« Moi, j’ai un peu une “tête de cochon” ; à la longue, ça devient dur moralement, mais il n’était pas question que je me laisse faire, explique Marlène Ross, je suis quelqu’un qui aime aller au front et me battre. » La militante déplore toutefois qu’au fil des ans, le patron ait eu raison de la majorité de ses anciennes collègues de travail. « La plupart des gens ont fini par partir ; je peux comprendre, mais moi, le message que j’envoie, c’est qu’il faut se tenir debout et se défendre, on ne peut pas laisser faire des employeurs qui abusent comme ça », conclut Marlène Ross.

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Extrait du numéro de mai 2019 du journal Le Réflexe