Un dossier à suivre dans Charlevoix

(NLL) Au début juin, les élu-es municipaux de Charlevoix et le Conseil central de Québec–Chaudière-Appalaches (CSN) sont sortis sur la place publique pour dénoncer les impacts négatifs que la centralisation des approvisionnements du Centre intégré universitaire de santé et de services sociaux de la Capitale-Nationale ont eus sur l’économie régionale. Une intervention qui semble avoir fait bouger l’organisme.


« Depuis l’adoption d’une nouvelle politique d’approvisionnement centralisée à la grandeur du territoire de la Capitale-Nationale, le 14 novembre 2017, plusieurs fournisseurs d’expérience de la région de Charlevoix ont perdu leurs contrats, c’est inacceptable », dénonçait alors Ann Gingras, présidente du Conseil central de Québec–Chaudière-Appalaches (CSN). « La centralisation amène des pertes d’emploi puisque tout ce qui pouvait être centralisé à Québec l’a été », avait précisé Claudette Simard, mairesse de la municipalité de Saint-Urbain et préfet de la MRC de Charlevoix.

Selon des informations récoltées par les syndicats représentant les employé-es du CIUSSS, au moins une demi-douzaine de fournisseurs ont perdu leurs contrats depuis l’adoption de la nouvelle politique. « On parle d’équipementiers, d’entreprises agroalimentaires et de transporteurs de Charlevoix qui ont perdu leurs contrats », dénonce Ann Gingras. L’opération s’est faite très cavalièrement, « certaines entreprises avaient des contrats depuis plus de 30 ans, mais personne n’a jugé bon de les avertir des changements à la politique d’approvisionnement. Tout cela manque de transparence, le processus est opaque pour les fournisseurs locaux, c’est irrespectueux. »

Les syndicats et les élus dénonçaient, alors que l’ancien CSSS de Charlevoix avait des relations directes avec les fournisseurs, que le CIUSSS passe par un système électronique payant d’appel d’offres. Jusqu’au début de juin, aucun des fournisseurs de Charlevoix ayant perdu ses contrats n’avait reçu de réponses à ses questions ni d’aide pour participer au système. À la suite de la sortie publique, une rencontre d’information avec un représentant du Conseil du trésor a été organisée par la Chambre de commerce pour expliquer le système aux fournisseurs locaux. La direction du CIUSSS s’est également montrée ouverte à faire des appels d’offres pour des lots, plutôt que pour l’ensemble du CIUSSS, afin de permettre aux plus petits intervenants de soumissionner eux aussi.

Du côté des syndicats et des élus municipaux, on aurait voulu que le CIUSSS révise sa politique d’approvisionnement afin de tenir compte de l’économie locale et régionale. « Ce n’est pas obligé d’être centralisé comme ça, sur la Rive-Sud, le CISSS de Chaudière-Appalaches s’est doté d’une politique d’approvisionnement qui vise à contribuer au développement économique de la région en facilitant les achats locaux », explique Ann Gingras, « il n’y a aucune raison pour laquelle le CIUSSS ne pourrait pas faire de même ». Claudette Simard interpelle les administrateurs et la direction du CIUSSS: « Nous travaillons tous pour notre économie régionale et vous le CIUSSS, que faites-vous pour nos emplois en région et pour l’achat local? ».

Du côté du Syndicat des travailleuses et des travailleurs du CIUSSS de la Capitale-Nationale, on se réjouit que la sortie ait permis de faire connaître le dossier. « Ce fut une bonne intervention qui est bien ressortie dans les médias », pense Michaël Tremblay, vice-président du secteur Charlevoix du syndicat, « par contre, on n’a pas encore d’indications pour savoir si la séance d’information a permis de changer les choses, c’est un dossier à suivre et à surveiller de façon constante ». « C’est toujours le même enjeu, on se questionne sur la centralisation excessive d’un nombre grandissant de services vers Québec, la place de Charlevoix est toujours précaire », conclut le syndicaliste pour qui le syndicat doit jouer un rôle de chien de garde et proposer des solutions.

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Extrait du numéro de septembre 2018 du Réflexe