Au deuxième jour de grève, sur une banque de six, les grévistes de la SAQ des régions de Québec et Chaudière-Appalaches ont décidé de marcher vers l’Assemblée nationale dans l’espoir que le gouvernement intervienne pour dénouer l’impasse.

La marche, qui partait du Musée national des beaux-arts a emprunté la Grande-Allée pour se rendre jusque sur le parterre de l’Assemblée nationale où plusieurs syndicalistes, dont Ann Gingras, présidente du conseil central et Jean Lortie, secrétaire général de la CSN, se sont adressé à la foule.

De précaires syndiqués

Il y a près de 600 membres du Syndicat des employé-es de magasins et de bureau de la SAQ (SEMB-SAQ) travaillant dans quelque 63 succursales sur le territoire du conseil central. Même si le nombre de succursales est stable, le nombre de salariés, lui, est en augmentation constante. Au syndicat, on évalue qu’il y a aujourd’hui 46 % de cotisants et de cotisantes de plus qu’en 2005, c’est dire si la précarité a progressé.

En fait, malgré ce que colportent certains médias, travailler à la SAQ est loin d’être une sinécure. Le taux horaire est relativement bon, mais environ 70 % des employé-es sont à temps partiel, certains à temps très partiel. En effet, entre 700 et 800 personnes ont moins de 10 h par semaine aux périodes creuses de l’année. Il faut dire que les personnes à temps partiel n’ont pas droit aux assurances, aux vacances et aux congés de maladie et aux jours fériés. Ah, et pour progresser à la SAQ, il faut s’armer de patience : ça prend en moyenne 12 ans pour avoir un poste régulier.

Un employeur en demande… de précarité

Même si la SAQ est en très bonne santé financière, elle remet quand même un milliard de dollars par année au gouvernement, elle en demande. Pour se faciliter la vie et continuer de gérer ses horaires à la petite semaine, la Société voudrait réduire le nombre de postes réguliers et réduire les protections qui garantissent un horaire de qualité aux salariés les plus anciens. Aussi, la direction voudrait que 200 employés réguliers de plus travaillent les samedis et dimanches.

Ces demandes auraient des impacts importants pour les employé-es. Par exemple, ça voudrait dire que plus de 700 personnes changeraient d’horaire et de succursale. Ça impliquerait aussi une attente plus longue avant d’obtenir un poste régulier et ça voudrait dire que les « nouveaux » employé-es réguliers seraient forcés de travailler le soir et la fin de semaine.

Des revendications légitimes

Le syndicat trouve que les demandes patronales entretiennent le cercle vicieux de la précarité et du trop grand nombre d’employé-es à la SAQ. Le SEMB-SAQ est prêt à faire un bout de chemin, mais refuse les demandes de reculs. Les membres du syndicat sont dédiés à leur travail et voudraient en faire un véritable gagne-pain. Dans le contexte actuel, leurs demandes de conciliation travail-famille-étude sont tout à fait légitimes. Le syndicat, qui souligne l’importance sociale de cet enjeu (le gouvernement a même créé un comité ministériel sur la question), parie précisément là-dessus en période préélectorale et espère que le gouvernement envoie les mandats pour débloquer la situation.

La convention collective du SEMB-SAQ (CSN) est échue depuis le 31 mars 2017. Une cinquantaine de séances de négociation jusqu’à maintenant n’ont pas permis de débloquer la situation. Les membres du syndicat ont voté à 91 % en juin pour un mandat de six journées de grève à utiliser au moment jugé opportun.