Centres d’hébergement privés

Négocier ensemble pour des conditions de travail décentes

Québec, 8 mai 2018. — Le Syndicat des centres d’hébergement privés de la région de Québec (CSN) annonce aujourd’hui, à Québec, le lancement de la négociation coordonnée 2018-2021 de la Fédération de la santé et des services sociaux (FSSS–CSN). Cette opération, qui concerne 8 résidences pour aîné-es et quelque 250 travailleuses et travailleurs dans la région de Québec, touchera près de 2 000 employé-es de résidences pour aîné-es de toutes les régions du Québec. Ces travailleuses et ces travailleurs, qui proviennent d’une quarantaine d’accréditations, ont choisi de s’unir pour se donner un meilleur rapport de force et réussir à améliorer leurs conditions de travail trop souvent déplorables.

Lucie Langlois, vice-présidente régionale de la FSSS–CSN, Gilles Gagné, président du Syndicat des centres d’hébergement privés de la région de Québec (CSN), et Ann Gringras, présidente du Conseil central de Québec–Chaudière-Appalaches (CSN).

 

Le point sur la Résidence Charlesbourg

« C’est malheureux de constater qu’encore aujourd’hui, en 2018, il y a des secteurs d’emploi où certains patrons traitent les salarié-es de façon inacceptable. Au Québec, c’est notamment le cas du secteur des centres d’hébergement privés », lance Lucie Langlois, vice-présidente régionale de la FSSS–CSN. Rappelons que, le 1er mars dernier, la CSN avait dénoncé sur la place publique le cas de la Résidence Charlesbourg, un centre d’hébergement privé inclus dans la première vague de cette négociation coordonnée.

« Nous venons de recevoir un premier jugement du Tribunal administratif du travail nous donnant raison dans le dossier des libérations syndicales à la Résidence Charlesbourg et nous sommes en attente de deux autres jugements », révèle Gilles Gagné, président du Syndicat des centres d’hébergement privés de la région de Québec (CSN). Au moment d’écrire ces lignes, 36 griefs portant sur le non-respect de la convention collective sont ouverts à la Résidence Charlesbourg, un centre qui ne compte pourtant qu’une douzaine de salarié-es. « C’est énorme », s’insurge Gilles Gagné, « ça va de retards dans le versement de la paie ; 7 depuis septembre, à des erreurs dans le calcul des heures en passant par les cotisations RÉER qui ne sont plus versées depuis octobre. »

La situation est absolument inacceptable pour Ann Gringras, la présidente du Conseil central de Québec–Chaudière-Appalaches (CSN). « On parle de personnes dont le salaire permet à peine de survivre, l’employeur a des obligations envers ses employé-es, on ne peut tolérer une telle instabilité en ce qui concerne les paies et les autres sommes dues, c’est irresponsable de faire vivre ça aux gens. » La présidente mentionne notamment les problèmes que cela peut occasionner pour le paiement du loyer et des autres factures récurrentes.

« Le cas de la Résidence Charlesbourg est certes extrême, mais il illustre bien les difficultés vécues par les travailleuses et les travailleurs de ce secteur », dénonce Lucie Langlois. « C’est complètement aberrant que celles et ceux qui se dévouent tous les jours pour prendre soin de nos parents et de nos grands-parents aient de la difficulté à joindre les deux bouts en travaillant à temps plein. » 

Des conditions de travail à améliorer

Actuellement, le salaire moyen d’un employé de résidence privée tourne autour de 12,75 $ l’heure. La plateforme de revendications communes de la négociation coordonnée lancée aujourd’hui réclame des augmentations salariales équivalentes aux augmentations du salaire minimum ou 0,50 $ par année, selon la proposition la plus avantageuse. Les syndicats revendiquent également une harmonisation de la date de fin des conventions collectives pour améliorer leur rapport de force.

Avec le vieillissement de la population et les compressions gouvernementales des dernières années dans les services publics, particulièrement en santé, les résidences privées ont connu une croissance exponentielle. « Quand de grands groupes financiers s’intéressent à un secteur d’activité, c’est habituellement parce qu’il y a de l’argent à faire », affirme Gilles Gagné, qui est également représentant du secteur des centres d’hébergement privés de la Fédération de la santé et des services sociaux (FSSS–CSN).

Monsieur Gagné souligne que, pour améliorer la qualité de vie des personnes âgées en résidence, les propriétaires doivent investir dans le capital humain. « Les employé-es des centres d’hébergement privés, en plus d’accomplir leurs tâches quotidiennes, assurent une présence réconfortante auprès des résidents. La stabilité du personnel est donc très importante et celle-ci passe par des conditions de travail respectueuses qui valorisent les employé-es. »

Selon Ann Gingras, il est important de faire connaître la dure réalité de ces salarié-es. « On part de très loin dans le secteur des centres d’hébergement privés, c’est un secteur peu balisé qui reste à civiliser, on parle vraiment du parent pauvre du secteur de la santé et des services sociaux. Dans la région, le syndicat compte plus de 500 membres, dans 12 accréditations, de ce nombre, les 250 employé-es de 8 centres d’hébergement vont se joindre à la négociation coordonnée. Ces travailleuses et ces travailleurs, à qui l’on demande une polyvalence insensée et qui vivent de graves problèmes de surcharge, doivent composer avec une rémunération qui est bien souvent   sous le seuil de pauvreté. Les employeurs doivent répondre positivement aux demandes plus que raisonnables qui sont sur la table et les syndiqué-es pourront compter sur l’appui de tout le mouvement CSN », a conclu la présidente du conseil central.

La majorité des conventions collectives des accréditations qui participent à la négociation coordonnée arrivent à échéance ce printemps, les projets de négociation seront déposés au cours des prochaines semaines.


À propos

Le Syndicat des centres d’hébergement privés de la région de Québec (CSN) compte environ 500 membres dans 12 accréditations, il est affilié à la Fédération de la santé et des services sociaux – CSN, qui compte quelque 3 500 travailleuses et travailleurs de centres d’hébergement privés, répartis dans 9 régions du Québec, et au Conseil central de Québec–Chaudière-Appalache (CSN) qui regroupe près de 45 000 membres des secteurs public et privé, répartis au sein de 240 syndicats. La CSN compte au total plus de 300 000 travailleuses et travailleurs.