Jonathan Carmichael, à l’époque pas si lointaine où il avait encore accès à son bureau dans les locaux du BAIL… Photo : archives CCQCA

Droits sociaux

Inquiétude et confusion pour les locataires

La situation du logement à Québec n’était déjà pas rose et la crise sanitaire ne vient pas améliorer les choses, semant inquiétude et confusion chez les locataires. Le Réflexe s’est entretenu avec Jonathan Carmichael, du Bureau d’Animation et Information Logement du Québec Métropolitain (BAIL), pour faire le point.

Par Nicolas Lefebvre Legault, conseiller à l’information


Une crise dans la crise

La Ville de Québec, comme la plupart des villes de la province, était déjà plongée dans une crise du logement lorsque la crise sanitaire a frappé. « On avait vu un resserrement des taux d’inoccupation lors de la publication du rapport de janvier de la Société canadienne d’hypothèques et de logement (SCHL) », révèle Jonathan Carmichael. Alors que le taux d’équilibre se situe à 3 %, le taux d’inoccupation de la Ville de Québec se situe actuellement à 2,4 % et chute même sous les 2 % dans les quartiers centraux. « C’est la troisième année de suite que les taux baissent, ça fait longtemps qu’on n’avait pas vu ça », explique le militant pour le droit au logement.

La crise du logement fait en sorte que la pression est grande sur les locataires. « Les loyers à louer sont très chers, on ne voit quasiment plus de quatre et demi en bas de 1 000 $ dans Saint-Roch », explique Jonathan Carmichael, « les loyers restent très élevés et augmentent plus vite que l’inflation ». Dans ce contexte, toute perte de revenu fragilise des ménages déjà sur la corde raide.

Les expulsions sur pause

Heureusement, après une valse-hésitation, le gouvernement Legault a décidé de décréter que tout jugement résultant en l’expulsion, la reprise d’un logement ou l’éviction d’un locataire est suspendu pour le temps de l’état d’urgence sanitaire. De même, comme toutes les audiences à la Régie du logement sont suspendues, sauf pour les extrêmes urgences, les expulsions sont pour ainsi dire sur pause.

Jusqu’à maintenant, le BAIL n’a pas reçu plus d’appels que d’habitude après le 1er avril. « Il est trop tôt pour savoir si les propriétaires ont choisi d’écouter François Legault et d’être compréhensifs avec les locataires pour le paiement de loyer », croit Jonathan Carmichael, « il y a toujours des délais avec les non-paiements de loyers, c’est lorsque la Régie du logement reprendra ses activités que nous verrons si les choses se sont bien passées ».

Un 1er juillet incertain

La crise sanitaire a frappé en plein dans la période de renouvellement des baux. Normalement, les gens qui ne renouvellent pas leur bail se cherchent un logement à cette période. « Il règne une grande confusion autour de la question de la visite des logements », déplore Jonathan Carmichael, « le gouvernement déconseille les visites de logement, mais ne les interdit pas ». Cette situation créée beaucoup d’inquiétude chez les locataires. Les associations de locataires ont demandé une extension des baux d’une durée équivalente à la durée de l’état d’urgence sanitaire, sans succès jusqu’à maintenant. Un dossier à suivre.


Logement

Questions /réponses sur la Covid-19

Le Regroupement des comités logement et associations de locataires du Québec (RCLALQ), le regroupement national du BAIL, a publié sur son site une foire aux questions concernant la Covid-19, on peut la consulter à https://rclalq.qc.ca/ 


Extrait du numéro de mai 2020 du journal Le Réflexe