Joseph Giguère (1940-2020)

C’est avec tristesse que nous avons appris le décès de Joseph Giguère, président du Conseil central des syndicats nationaux de Québec (CSN) dans les années 1970. Le conseil central offre ses plus sincères condoléances à sa famille et ses proches. 

Par Nicolas Lefebvre Legault, conseiller à l’information

Une vie d’implications. À gauche, il y a quelque mois lors d’un évènement organisé par le Centre Saint-Pierre (capture d’écran d’une vidéo) et, à droite, en mars 1975, lors d’une rencontre du Front commun des syndicats CSN de Quebec Poultry (archives CSN).

Engagement syndical 

Natif de Saint-Sylvestre, en Beauce, Joseph Giguère songe d’abord à la prêtrise et poursuit des études en théologie à l’Université Saint-Paul à Ottawa. Jeune homme, il s’engage dans la Jeunesse ouvrière catholique (JOC). 

Embauché à la Quebec Poultry, dans Limoilou, il participe à une campagne de maraudage pour remplacer un syndicat américain par un syndicat CSN, dans l’abattoir de volailles. Son appartement est la cible d’un attentat à la bombe, le 3 avril 1974, le soir de la première réunion du nouveau syndicat. 

C’est à titre de président du Syndicat des employés de Quebec Poultry (CSN) que Joseph Giguère commence à s’impliquer au Conseil central des syndicats nationaux de Québec (CSN) dont il est élu 1er vice-président, en 1975, puis président, en 1976. 

Président du conseil central 

La période est particulièrement tumultueuse au plan syndical avec un nombre record de grèves dures. Entre octobre 1974 et septembre 1975, dix-huit syndicats affiliés au conseil central, surtout issus du secteur privé, font la grève. En 1976, les conflits se multiplient au Trust General, à l’usine de SICO, chez Lafleur, à l’Agence provinciale, chez Standard Paper Box pour nommer les plus marquants.  

Joseph Giguère était un syndicaliste combatif et rassembleur comme en témoigne le comité de solidarité réunissant tous les syndicats en lutte qu’il avait mis sur pied afin d’augmenter le rapport de force des uns et des autres. C’est d’ailleurs sous sa présidence que le conseil central adopte officiellement, en 1976, la philosophie du syndicalisme de combat. 

Avant l’adoption de la loi anti-briseur de grève, en 1977, Joseph Giguère n’hésite pas à mobiliser largement en appui aux grèves en cours. Ainsi, les participantes et les participants au congrès de 1976 du Conseil central des syndicats nationaux de Québec (CSN) défient coup sur coup trois injonctions limitant le nombre de personnes sur les piquets de grève dans autant de conflits de travail en cours. 

La présidence de Joseph Giguère a également été marquée par l’organisation de nouveaux secteurs, comme l’hôtellerie, et une plus grande ouverture du mouvement syndical sur la société civile et les luttes sociales. Féminisme, écologie, groupes populaires, solidarité internationale, il était solidaire de tous les combats. En 1980, il quitte la présidence du conseil central. 

Coopérant 

Chrétien engagé et socialiste convaincu, Joseph Giguère a poursuivi son engagement comme coopérant. De 1982 à 1987, il a été coopérant international avec SUCO auprès des syndicats de mineurs du Pérou. À son retour au Québec, il devient conseiller à MCE Conseils et accompagne le développement de coopératives de travail. Il préside le Regroupement des coopérateurs et coopératrices du travail (RQCCT) de 1996 à 2008. Il participe à la fondation de Fondaction et siège au conseil d’administration plus de dix ans. 

En 1992, Joseph Giguère devient le premier directeur laïque du Centre Saint-Pierre, un important centre d’éducation populaire de Montréal mis sur pied par les Oblats. Il occupe cette fonction jusqu’en 2002. 

Un AVC le laissera aphasique en septembre 2010. Avec l’aide de sa conjointe, Marie-Claire Nadeau, il entreprend sa réadaptation et poursuit pendant plusieurs années son implication au sein de l’Association des personnes aphasiques. 

Atteint d’un cancer généralisé fulgurant, Joseph Giguère est décédé chez lui, accompagné de ses proches, le 23 juin 2020 à l’âge de 79 ans.


Extrait du numéro de septembre 2020 du Réflexe, le journal du conseil central.