Le conseil central adopte son projet syndical

Réunis en congrès à Québec, le Conseil central de Québec–Chaudière-Appalaches (CSN) a adopté le projet syndical qui guidera son action pour les trois prochaines années. Le texte, lu à l’ouverture de la deuxième journée du congrès, détonne avec les propositions habituelles. Nous le reproduisons ici.

Projet syndical

Pour une solidarité en mouvement

C’est l’histoire d’une forteresse assiégée, dont les gardiens s’étaient repliés sur eux-mêmes à force de subir les assauts dévastateurs de l’ennemi. Ils ne sortaient plus de la tour que pour des raids et des escarmouches de plus en plus espacés dans le temps. Le reste du temps, ils contemplaient un champ de ruine en rappelant à qui voulait bien l’entendre la gloire passée et en répétant que « la garde meurt, mais ne se rend pas ».

La garde, effectivement, ne s’est jamais rendue. Et heureusement ! Lorsque la relève arriva, elle trouva des fondations certes anciennes, mais toujours solides. Elle s’activa à colmater les brèches, réparer ce qui pouvait l’être, reconstruire ce qui le devait. Tant et si bien qu’aujourd’hui est revenu le temps de l’expansion et de la reconquête. Mais la garde ne pourra y arriver seule, elle a besoin de relève et de renforts.

Cette forteresse c’est bien sûr le conseil central, mais ce sont aussi plusieurs de vos syndicats. En quelques années, nous avons accompli ensemble une somme colossale de travail. Nous avons reconstruit notre unité et notre solidarité, développé nos consensus. Nous avons renforcé l’équipe et le conseil syndical, recréé une dynamique autour du conseil central. Ramené à la maison un grand nombre de syndicats, repris le chemin des grèves et des victoires. Nous nous sommes donné les moyens de nos ambitions et avons développé ensemble les outils pour appuyer les luttes et déployer la solidarité.

Aujourd’hui, nous devons penser en dehors de la boîte pour aller encore plus loin. Le projet syndical que nous vous soumettons est simple, mais ambitieux. Il s’agit de reconstruire la capacité de mobilisation du conseil central, d’augmenter notre rapport de force collectif et de redonner au syndicalisme sa place dans la vie de la classe ouvrière. L’outil privilégié pour se faire : un syndicalisme de proximité́ et de combat.

Actuellement, la plupart des équipes syndicales sont débordées. Elles croulent trop souvent sous la tâche. Il faut les renforcer et augmenter le nombre de personnes impliquées. Lorsqu’ils n’existent pas, il faut créer des conseils syndicaux pour enraciner les syndicats dans leurs milieux. Il faut former les militant-es, les impliquer dans la vie syndicale et dans les campagnes, aller à la rencontre des membres entre les négos, trouver ce qui les dérange au travail et tenter de les impliquer pour changer les choses. Bref, créer une dynamique forte autour de nos syndicats.

La même chose vaut pour le conseil central. Nous sommes et resterons proches des syndicats, proches de leurs luttes. Nous voulons continuer de développer une force de frappe syndicale, impliquer encore plus le conseil syndical dans la mobilisation ; faire en sorte que la lutte des uns devienne la lutte des autres et que les syndicats s’appuient les uns les autres dans leurs combats.

Sur le front social, nous avons patiemment reconstruit la capacité de mobilisation du conseil central tout au long du dernier mandat. Nous avons rallié les personnes une à une, comme dans un syndicat local. Pour passer à une vitesse supérieure, chaque personne qui s’implique devra développer son leadership et devenir un agent multiplicateur. Imaginez si chaque personne que nous mobilisons pour participer à une manifestation en convainc une, deux, trois, dix autres de se mobiliser aussi? Imaginez si ces personnes se mettent en tète ensuite de s’impliquer dans le mouvement?

Pour y arriver, il faudra se donner des moyens et des outils. Lever un maximum de barrière à l’implication, se former et former les nouvelles personnes, améliorer la circulation de l’information, accepter le débat et la contradiction, encourager les nouvelles idées.

Surtout, il faut travailler sur la relève. Le travail ne peut pas reposer toujours sur les mêmes personnes. Il faut accepter de relever de nouveaux défis. Faire de la place pour toutes les bonnes volontés. Recruter. Massivement. Former et accompagner les nouvelles personnes. Apprendre à analyser les rapports de force. Et ça commence au conseil central.

Ici et maintenant.

Y’a-t-il d’autres volontaires pour changer le monde ?