Québec, 7 février 2019. – Le Syndicat des professionnèles, techniciennes et techniciens de la santé et des services sociaux de la Capitale-Nationale (SPTSSS-CSN) s’inquiète de la pénurie de médecins à l’Institut de réadaptation en déficience physique de Québec (IRDPQ). Depuis le 20 janvier, faute de médecins pour faire les admissions, les services de réadaptation des personnes ayant subi notamment un AVC, un traumatisme craniocérébral ou une blessure à la moelle épinière ont été transférés à l’Hôpital de l’Enfant-Jésus. « Nous interpellons ce matin la ministre de la santé et des services sociaux, Danielle McCann, afin de trouver rapidement une solution » a déclaré le président du syndicat, François Proulx-Duperré.

Une situation préoccupante

Sébastien Collard, secrétaire général du SPTSSS-CSN, et Véronique Thibeault, représentante du secteur de l’IRDPQ au SPTSSS-CSN.

Suite à plusieurs départs à la retraite et à la réforme Barrette (loi 20), le nombre de médecins généralistes à l’IRDPQ est passé de douze, en 2015, à deux, aujourd’hui. Le manque de couverture médicale a progressivement empêché de faire les admissions des patient-es en provenance de l’Hôpital de l’Enfant-Jésus. Une des solutions temporaires développées par la direction du CIUSSS de la Capitale-Nationale est de débuter la réadaptation à l’Hôpital de l’Enfant-Jésus.

« C’est une situation extrêmement préoccupante parce que c’est pendant les trois premiers mois que le processus de récupération est optimal », explique Véronique Thibeault, représentante du secteur de l’IRDPQ au SPTSSS-CSN. « La réadaptation à l’hôpital ne peut être équivalente si les gens ne bénéficient pas de la même intensité de traitement et si les plateaux de traitements ne sont pas adaptés ». L’accès aux services de réadaptation est essentiel pour permettre aux personnes de retrouver une participation sociale et une qualité de vie. L’IRDPQ est un centre spécialisé reconnu mondialement grâce à ses plateaux techniques et ses équipes spécialisées. « À l’IRDPQ, on a des équipes multidisciplinaires et les soins sont centrés sur la personne », souligne la représentante syndicale, « c’est très différent d’une culture hospitalière ».

Genèse d’une pénurie

Actuellement, l’IRDPQ a les autorisations et les crédits nécessaires pour accueillir cinq médecins généralistes. « Le problème, c’est qu’avec la loi 20, pour les médecins, ce n’est plus intéressant de venir à l’IRDPQ », explique Sébastien Collard, secrétaire général du SPTSSS-CSN et lui-même neuropsychologue à l’IRDPQ. Rappelons que la réforme Barrette impose aux médecins généralistes des quotas de patient-es et une présence en cabinet privé. « Les règles ministérielles, que d’aucuns qualifieraient de rigides, empêchent d’intégrer plus rapidement des médecins qui seraient intéressés mais qui n’ont pas encore atteint leurs quotas sur papier », indique Sébastien Collard, « ça pénalise en quelque sorte une institution comme l’IRDPQ ».

La ministre McCann doit intervenir

François Proulx-Duperré, président du SPTSS-CSN, et Ann Gingras, présidente du conseil central.

La ministre Danielle McCann, qui a répété plusieurs fois depuis sa nomination qu’elle aurait plus de flexibilité que son prédécesseur, peut intervenir, selon le syndicat. « Nous demandons à la ministre d’autoriser les dérogations nécessaires pour permettre de rétablir rapidement la situation », explique le président du syndicat, François Proulx-Duperré, « c’est important d’agir rapidement parce que sinon on risque d’échapper des gens et ça aurait des conséquences dramatiques ».

« Plus globalement, il y a lieu de revisiter l’ensemble de l’œuvre du docteur Barrette », croit Ann Gingras, présidente du Conseil central de Québec Chaudière-Appalaches (CCQCA-CSN). « La ministre Danielle McCann a l’occasion de réparer les pots cassés par son prédécesseur. Nous avions averti que les réformes mises en œuvre depuis 2015 auraient des effets pervers, on est en plein dedans. Dans le cas qui nous occupe, il y a des règles à assouplir pour éviter que la même situation se reproduise ailleurs ». Pour la présidente du conseil central, il est plus que temps de redonner un peu de flexibilité au système de santé et de services sociaux et de recommencer à en écouter les différents acteurs qui assurent les services et soins au quotidien.