Lux Éditeur a fait œuvre utile en publiant « Grève et paix, une histoire des lois spéciales au Québec » de Martin Petitclerc et Martin Robert. Le sujet avait été peu abordé jusqu’à maintenant et n’avait jamais fait l’objet de publication grand public.

Par Nicolas Lefebvre Legault, Conseiller à l’information

Le livre se présente comme une histoire du droit de grève au Québec et de sa négation, par le biais de lois spéciales, autant dans le secteur public que privé, depuis maintenant plus de 50 ans. Les auteurs soutiennent qu’à l’origine la grève était une liberté que possédait chaque travailleur plutôt qu’un droit. C’est au moment de sa légalisation que l’on procéda à une première tentative d’encadrement, elle devint alors un droit.

Très rapidement, le droit de grève fut entravé par le recours aux injonctions et les premières lois spéciales qui coïncident avec l’obtention du droit de grève dans le secteur public. Au départ, et jusqu’au milieu des années 1980, le recours à des lois spéciales était sévèrement critiqué comme une atteinte aux droits. Par contre, avec la normalisation des lois spéciales et la création d’une sorte d’exceptionnalisme permanent, il n’y eut bientôt plus besoin de justifier le recours à des lois matraques par la présence d’une crise sociale ni d’assurer des services essentiels.

On le réalise peu, mais les lois spéciales sont en quelque sorte une spécificité québécoise. Elles sont plus nombreuses et beaucoup plus répressives ici qu’ailleurs au Canada. On mesure mal l’impact qu’elles ont eu sur le climat politique et social. Ce livre plaira à toute personne qui s’intéresse à l’histoire du syndicalisme et à la transformation sociale. Il permet un peu mieux de comprendre d’où l’on vient syndicalement et pourquoi on en est rendus là.

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Extrait du numéro de septembre 2018 du Réflexe