L’équipe du conseil central est équipée pour aller à la guerre… et la gagner dixit la présidente Barbara Poirier. (Photo : Simon Clark)

Perspectives

Un congrès pour se donner de l’élan

Axer le congrès du conseil central sur la mobilisation c’est non seulement reconnaître ce qui s’est passé –le tiers des membres ont exercé leur droit de grève au moins une journée pendant le dernier mandat, du jamais vu—mais c’est aussi un pari sur l’avenir. Le conseil central entend, en effet, développer la solidarité en multipliant les rencontres entre syndicats autour des luttes des uns et des autres.

Développer la solidarité

« On a abordé la préparation du congrès en sachant qu’il ne nous appartenait pas, mais qu’il appartenait aux syndicats », se rappelle la présidente du conseil central, Barbara Poirier, « on a regardé un peu en arrière, dans le rétroviseur, en multipliant les témoignages, pour pouvoir regarder en avant et identifier ce dont les syndicats auront besoin pour les trois prochaines années. »

Pour la présidente du conseil central, le congrès démontre que tout est possible. « Ce qu’on souhaite pour nos syndicats, la solidarité la plus puissante, c’est possible, ce n’est pas irréalisable. » Pour Barbara Poirier, c’est l’expérience de la solidarité qui fait qu’on a le goût de rester, de s’investir, qui rend l’expérience militante agréable. « Prends la Davie par exemple, regarde comment c’est possible de développer la mobilisation, même en ne partant de rien, et à quel point c’est payant », illustre-t-elle, « les gens de la Davie, ils sont partout en appui aux autres syndicats aujourd’hui. »

Conjoncture

« On peut faire le constat qu’on est au sortir d’une pandémie et qu’il faut se réajuster », pense Barbara Poirier, « les lacunes qu’il y avait avant sur le marché du travail ressortent puissance 1000 ; dans le secteur public, tout ce qui ne fonctionnait pas ressort plus fort, et, dans le secteur privé, les riches sont encore plus riches aujourd’hui alors c’est légitime que les travailleuses et les travailleurs veuillent améliorer leur sort. » Ce qui compte pour Barbara Poirier c’est ce qu’on fait avec ce constat. « Nous on est en train de se préparer pour aller chercher ce qui leur est dû à tout ce beau monde-là. »

Plusieurs négociations importantes auront lieu à court et moyen terme. « Il va y avoir les négociations du secteur public dès cet automne, puis ce seront de nouveau les paramédics et les CPE, et il y a le privé qui n’arrête jamais, l’hôtellerie va repartir, etc. », énumère la présidente du conseil central, « même si pour certains c’est le jour de la marmotte, c’est toujours à recommencer, je suis persuadée que le congrès va nous permettre d’aller plus loin pour la mobilisation parce que maintenant ce ne sont plus des syndicats isolés que nous avons, c’est un conseil central, on va y aller ensemble. » Barbara Poirier croit que les gens ont bien compris que sans mobilisation, il n’y a pas de gains. « C’est ce qui ressort du congrès, l’importance de la mob, l’importance du conseil central, de ce qu’on a à offrir », dit-elle, « même si c’est toujours à recommencer, je crois qu’avec ce que les syndicats sont venus chercher, ce sera plus facile de mobiliser leurs membres. »

S’organiser

Pour gagner, il faut s’organiser. « Il faut se donner tous les moyens possibles pour aller aussi loin qu’il le faut », ajoute Barbara Poirier, « le congrès nous a démontré qu’on avait le potentiel d’être fort de 45 000 voix, c’est fort ça, il faut qu’on arrête de chuchoter et de s’excuser d’exister, nos syndicats ont soif de ça je dirais. » La présidente du conseil central en prend pour preuve la mobilisation organisée tout de suite après le congrès en appui aux lockouté-es de Rolls-Royce. « On a organisé un autobus pour monter à Montréal, on a cassé le bras de personne là, et pourtant plusieurs syndicats sont venus, des chauffeurs du RTC et de la STL en passant par des gens du CHU et de la Davie, c’est comme si le congrès avait permis aux syndicats de se rendre compte qu’ensemble on est plus fort et que ça les légitimait dans leurs revendications. »

Pour la présidente du conseil central, c’est le point de départ des objectifs pour les trois prochaines années. « On peut se féliciter de la participation au congrès d’une cinquantaine de syndicats représentant 75 % de nos membres », explique Barbara Poirier, « l’objectif c’est que minimalement les militantes et militants de ces syndicats-là se connaissent entre eux, développent une camaraderie, le plaisir d’être ensemble et que ce soit spontané. C’est possible, ça commence ! On a une équipe pour aller à la guerre, non seulement ça, mais on a une équipe pour la gagner ! »

Ajout de ressources

Le congrès a jugé bon d’ajouter une ressource polyvalente à l’équipe du conseil central en adoptant une proposition à l’effet de créer un nouveau poste de personne conseillère syndicale à la formation, à l’appui aux luttes et à l’information. « On a eu deux années complètement folles et le congrès a été préparé au milieu de plein de luttes, c’était très formateur, mais c’est fou pareil la quantité de travail abattu », explique Barbara Poirier, « pour nous c’est clair, il faut donner de l’air à l’équipe pour maintenir et développer le niveau de services auquel les syndicats ont droit. »

Le rapport de l’équipe de travail était à ce sujet éloquent, et préoccupant. En effet, la surcharge de travail a mené plusieurs salariés au bord de l’épuisement et occasionné un nombre record de congés de maladie. La nouvelle ressource s’occupera principalement de la formation des personnes militantes, en collaboration avec les membres du comité exécutif, des campagnes sociopolitiques et du rayonnement des luttes.


Extrait du numéro de septembre 2022 du journal Le Réflexe