Maxim Fortin de la Ligue des droits et liberté section Québec (Photo : Simon Clark)

Enjeux sociopolitiques

Construire un syndicalisme inclusif

Une fois de plus, les enjeux sociopolitiques qui ne concernent pas directement la négociation de conventions collectives, mais qui affectent grandement la vie syndicale et la qualité de vie des syndiqués furent à l’ordre du jour du congrès du conseil central. Le racisme systémique et l’intégration des personnes immigrantes ont particulièrement retenu l’attention et suscité de nombreux témoignages.

« Le congrès nous a permis d’aborder des sujets sociopolitiques tournés vers l’avenir », lance François Proulx-Duperré, le secrétaire général du conseil central, « le racisme systémique et l’intégration des personnes immigrantes sont autant des sujets qu’il faut aborder parce que la composition de nos syndicats est en évolution rapide. Le Québec change et la CSN aussi ! »

Racisme

Le congrès a reçu Maxim Fortin, coordonnateur de la Ligue des droits et liberté section Québec, pour une présentation sur le racisme systémique. Cette présentation a en quelque sorte ouvert les vannes et permis une foule de témoignages des congressistes sur du racisme dont ils ont été témoins ou qu’ils et elles ont vécu au travail et dans la société.

« Un des enjeux majeurs au Québec, pour nous, c’est que le racisme est partout, dans toutes les sphères, c’est très pernicieux, et le gouvernement provincial s’obstine à refuser le concept de racisme systémique », explique le secrétaire général, « nous comme mouvement, on reconnait le concept et on pense que c’est juste le début de la réconciliation avec les personnes racisées et les Premières Nations. » En ayant comme objectif de rendre cette reconnaissance concrète dans la région, le congrès a adopté une proposition afin de diffuser les mobilisations antiracistes.

Intégration

Avec la pénurie de main-d’œuvre et le recours de plus en plus fréquent dans tous les milieux à des travailleuses et des travailleurs étrangers, l’enjeu de l’intégration des personnes immigrantes s’est également imposé de lui-même. « Dans la dernière année, il y a une trousse pour un syndicalisme inclusif traitant de ces enjeux qui a été réalisée à la CSN », rappelle François Proulx-Duperré, « l’objectif de cette trousse est d’outiller les syndicats pour mieux accueillir et intégrer les personnes immigrantes, et ce, indépendamment de leur statut et de leur situation. »

Le conseil central a diffusé cette trousse sur toutes ses platesformes et en a remis une copie aux syndicats présents au congrès. « Notre objectif comme conseil central c’est de venir en support aux syndicats afin d’actualiser les défis qu’ils ont à accueillir et intégrer ces personnes-là », explique le secrétaire général « les défis sont majeurs, on remarque de plus en plus de défis reliés au logement et à l’intégration dans la communauté. Il y a aussi la langue pour comprendre ce qui se passe dans le syndicat et participer à la vie démocratique. Donc il va falloir s’atteler afin de fournir de l’interprétation lors des instances et des mobilisations et de la traduction pour certains documents notamment les conventions collectives. » Le travail est déjà commencé comme le souligne François Proulx-Duperré, « à titre d’exemple, on a déjà commencé à faire de l’interprétation dans certains syndicats et on organise un atelier sur le racisme dans un autre. »

Des mesures concrètes

Afin de pouvoir relever le défi de l’intégration des personnes immigrantes, le congrès s’est penché sur un ensemble de mesures concrètes. Tout d’abord, un comité sera formé pour accompagner le conseil central dans ce travail d’accueil et d’intégration. Ensuite, le conseil central va mettre en place une banque de personnes-ressources afin de supporter les syndicats dans la communication avec les membres. Et, finalement, le conseil central va développer des outils spécifiques aux travailleuses et travailleurs étrangers pour les introduire au syndicalisme québécois et aux lois du travail.

« Il existe des différences fondamentales entre les lois du travail et les cultures syndicales des pays d’origine des personnes immigrantes et le Québec », rappelle François Proulx-Duperré, « on veut développer des outils concrets et spécifiques pour faire connaitre le contexte québécois du syndicalisme et des lois du travail. » Finalement, le congrès a adopté une proposition à faire cheminer au prochain congrès de la CSN pour que la confédération se dote d’une politique de financement pour l’interprétation et la traduction.

Appel à tous et toutes

Le conseil central est à constituer une banque de personnes-ressources pour supporter les syndicats dans la communication avec leurs membres ne parlant pas ou peu français. Nous cherchons des gens pouvant faire de l’interprétation lors d’évènements syndicaux ou de la traduction de divers documents dans différentes langues. Vous avez le profil ou vous connaissez quelqu’un qui a le profil ? Manifestez-vous !

Transition juste

Les enjeux environnementaux furent abordés lors du congrès, d’abord dans une vidéo présentant les initiatives prises par les syndicats, puis dans une présentation de Sébastien Collard, membre du comité confédéral en environnement et développement durable, et Yvan Duceppe, trésorier de la CSN et responsable du dossier, sur les initiatives militantes soutenues par la confédération.

« On a le désir de rester dans le concret et c’est pourquoi on veut continuer de compiler et diffuser les initiatives des syndicats en environnement », explique François Proulx-Duperré, « dans ce cadre-là, le congrès nous a mandatés pour organiser un forum syndical sur la transition juste durant le prochain mandat. » Le conseil central s’engage également à diffuser les mobilisations écologistes dans la région.


Extrait du numéro de septembre 2022 du journal Le Réflexe