François Proulx-Duperré, secrétaire général, et Barbara Poirier, présidente, du Conseil central de Québec–Chaudière-Appalaches (CSN)

Mot d’ouverture de l’assemblée du 16 décembre 2021

Bienvenue à l’assemblée générale du Conseil central de Québec–Chaudière-Appalaches, bienvenue chez vous !

Depuis la dernière fois que l’on s’est vu, en octobre, la vague de mobilisation et de conflits dans nos syndicats s’est maintenue. Le rythme des actions, des journées de grève et des manifestations est vraiment soutenu. On va se le dire, on fait pas mal juste ça soutenir les syndicats en conflits depuis les 9 derniers mois.

Il y en a qui disent qu’on n’a pas vu ça depuis les années 1970 autant de grèves au conseil central. Je tiens à souligner l’excellent travail de l’équipe du conseil central, vraiment, c’est une équipe de feu et totalement dévouée. Merci, équipe!

La reprise économique est bien lancée. À toute fin pratique, on peut dire qu’on est grosso modo de retour à la normale dans presque tous les secteurs. La reprise ne tient toutefois pas compte des travailleuses et des travailleurs. Elle ne tient pas compte de notre fatigue. Elle ne tient pas compte de nos besoins. Socialement, on fait un peu comme si rien ne s’était passé.

Ni le gouvernement, ni les patrons, ne tiennent compte des travailleuses et des travailleurs. C’est comme s’il n’y avait pas de pénurie, comme s’il n’y avait pas d’augmentation des tâches. Comme si les gens n’étaient pas déjà épuisés et fragilisés.

Pour faire changement, on va prendre un exemple dont on parle moins : les agents de la paix dans les services correctionnels. Il manque de monde-là aussi, beaucoup de monde. Juste à la prison de Québec, il y a eu 58 000 heures de temps supplémentaire l’an dernier. C’est 7 248 quarts de travail ça. C’est fou quand on y pense, et c’est pas mal partout pareil. Ces agents de la paix en milieu correctionnels, ils savent quand ils entrent au boulot, mais ne savent jamais quand ils rentreront à la maison. Ils sont, pardonnez-moi l’expression, en prison à leur travail.

Et pis voilà, au lieu de parler de ça, au lieu de parler de la détresse du monde, au lieu de parler des enfants quand c’était la grève des CPE, au lieu de parler des vraies affaires, le gouvernement préfère nous parler des Nordiques et du baseball.

Aussi, le réseau de la santé fonctionne encore à coup d’arrêtés ministériels, c’est devenu la norme. On a beau avoir réglé les conventions collectives du secteur public, presque personne n’a encore été payé, c’est une vraie joke. Et, déjà, le gouvernement se rend compte que ce ne sera pas suffisant et doit rajouter des primes et des bourses pour rendre le milieu plus attractif. Mais toujours de façon unilatérale, sans discussion avec les syndicats. Se positionnant ainsi en sauveur auprès de la population et en n’admettant pas qu’il est le principal responsable de la pénurie et des mauvaises conditions de travail.

Le gouvernement, et les patrons en général, aime bien négocier sur la place publique, à coup de demi-vérités, de désinformation et de dissimulation. De la même façon qu’il ne tient pas compte des travailleuses et des travailleurs, il fait comme si les syndicats n’existaient pas. Mais ça ne marche pas comme ça! Et il faudra se questionner sérieusement sur les moyens que nous devrons prendre pour apporter un contre-discours puissant et porteur sur la place publique, pour contrer cette désinformation.

Aussi, depuis les dernières heures, ça ne regarde pas bien côté urgence sanitaire. La pandémie est en train de faire un nouveau tour de piste avec Omnicron. On commence à reparler de télétravail obligatoire, ça sent le durcissement des mesures sanitaires.

Ça réveille des souvenirs douloureux chez beaucoup de gens. On est tous un peu traumatisé du confinement et de la pandémie. Ce n’est pas pour rien qu’on fait face à une épidémie de burnout.

Par ailleurs, on marche vers le congrès du conseil central qui aura lieu en juin. J’ai envie de vous dire qu’il y au moins une thématique qui s’impose pas mal à nous : il faut qu’on soit capable de s’organiser pour gagner.

Pis gagner c’est possible. Plus que jamais c’est possible! Regardez nos camarades des CPE. Elles donnent une magnifique leçon de syndicalisme de combat à tout le monde. Elles partaient de loin. Rappelez-vous, ce gouvernement n’en avait que pour les maternelles 4 ans. Elles ont mobilisé leur monde, elles sont allées chercher l’appui des parents. Elles ont fait des journées de grève, elles ont fait des manifestations. Puis elles ont fait ce que personne avant elles n’avait jamais fait dans les CPE : elles ont tenu des votes de grève générale illimitée et quand ça a été le temps, elles ont mis leur menace à exécution!

Malgré toute la pression qu’elles avaient, elles ont tenu leur bout, elles ont été solidaires, et, admirablement, elles n’ont laissé personne derrière. Et vous savez quoi? Elles ont gagné! Oui il reste des batailles à faire. Mais elles ont gagné! Elles ont remonté les bretelles à ce gouvernement qui négociait sur la place publique et tout ça, en gardant l’appui des parents. Et de vous à moi, ça, c’est magnifique!

Ce qu’il va falloir faire c’est se demander comment on va faire pour gagner dans chacune de nos luttes, dans chacun de nos syndicats. Comment on va s’organiser, comment on va se mobiliser. Pis comment on va faire, comme conseil central, pour se déployer et vous aider dans toutes les batailles à venir. Comment on peut s’organiser pour s’aider les uns les autres, toutes fédérations confondues, à se battre et gagner chacune de nos batailles.

On ne sait pas quand est-ce qu’on va pouvoir se revoir en présentiel. Parti comme c’est là, ce n’est pas évident du tout que la prochaine assemblée générale en février sera en présentiel. On verra bien dans le temps comme dans le temps. Pour aujourd’hui, profitons du moment.

Dans l’immédiat, je tiens à profiter de l’occasion que j’ai pour vous souhaiter de passer un doux temps des fêtes et d’en profiter pour prendre un repos bien mérité, on en a toutes et tous bien besoin.

Rechargez vos batteries, donc, mais rechargez-les aussi pour les futures batailles qu’on va mener, ensemble, parce je vous l’dis : on va lutter encore en 2022 et de toutes nos forces!

En attendant, bonne assemblée, camarades, c’est un réel plaisir de vous voir.

– Barbara Poirier, présidente du Conseil central de Québec–Chaudière-Appalaches (CSN)