Mot de la vice-présidente | Traitement 2 vitesses!

Saviez-vous que les cadres des réseaux de la santé, des services sociaux et de l’éducation ont droit à une augmentation de salaire pouvant aller jusqu’à 6 %, et ce, à chaque année sans même la demander? Ces augmentations, prévues dans les divers décrets des cadres du secteur public, leurs sont autorisées par leur supérieur immédiat.

Par Barbara Poirier, vice-présidente

En comparaison, les augmentations des travailleuses et des travailleurs du secteur public doivent être négociées lors du renouvellement de leurs conventions collectives. Les dernières « offres » du Conseil du Trésor sont de l’ordre de 5 %… sur 3 ans! Convenons-en, c’est insultant.

Comment peut-on expliquer cela à ceux et celles qui ont tenu les réseaux à bout de bras dans la dernière année? Qu’est-ce que ces cadres ont fait DE PLUS que les « simples employé-es » pour mériter une telle reconnaissance salariale? La question est parfaitement légitime, particulièrement en cette année de pandémie, alors que les réseaux étaient gérés non par les cadres mais par des arrêtés ministériels.

C’est profondément frustrant de devoir se battre pour une reconnaissance salariale juste et amplement méritée; devoir sortir tambours, pancartes, trompettes et envisager sérieusement avoir recours au moyen ultime, la grève, afin d’améliorer nos conditions de travail et assurer la survie des services publics qui s’écroulent sous nos yeux.

Alors que des milliers de travailleuses et de travailleurs tiennent encore les réseaux à bout de bras, pourquoi le gouvernement les force-t-il à quémander? Les cadres, eux, ne quémandent jamais. Ils reçoivent simplement, au bon vouloir de leur supérieur immédiat, un 4 à 6 % d’augmentation, chaque année. C’est tellement grossier.

La démonstration de la valeur de l’apport des travailleuses et travailleurs des services publics n’est plus à faire. La dernière année, plus particulièrement, l’a amplement démontrée.

Leur engagement, leur dévouement et leurs sacrifices valent certainement autant, sinon plus, que ce qui est attribué aux gestionnaires. Parce que soyons honnêtes : 4 à 6 % de 150 000 $ par année (6 000 à 9 000 $) pour chacun des cadres, c’est pas mal plus généreux que 5 % du salaire d’une travailleuse ou d’un travailleur sur 3 ans…

Lorsque ces travailleuses et ces travailleurs seront dehors, pancartes à la main, épuisés d’une longue année de pandémie mais néanmoins unis pour revendiquer de meilleures conditions de travail : j’espère que la population se souviendra de ces gestionnaires assis dans leurs bureaux qui n’ont jamais eu besoin de quémander. J’espère qu’en retour de politesse, plutôt qu’un arc-en-ciel défraîchi, nous encouragerons ces « anges-gardiens » qui ont été là à chaque instant, pour nous, dans toutes les sphères des services publics.


Extrait du numéro de mai 2021 du journal Le Réflexe