Comme on peut s’en douter, un congrès virtuel implique un important dispositif technique. C’est quasiment un studio de télévision qui s’est installé au siège social de la CSN, à Montréal. Photo : Dominic Morissette.

Retour sur le congrès de la CSN

Le 66e Congrès de la CSN s’est tenu en ligne du 18 au 21 janvier 2021. Prévue à l’origine pour juin 2020, à Québec, l’instance suprême de la confédération a dû être reportée pour cause de pandémie mondiale. Premier congrès virtuel de l’histoire de la centrale, on peut se dire mission accomplie ! Retour sur une semaine bien remplie. 

À noter, tous les documents présentés et adoptés ainsi que plusieurs vidéos des moments clefs du congrès sont sur la page du congrès sur le site de la CSN.

Préserver l’essentiel

Lorsque le bureau confédéral a dû se résoudre à la tenue d’un congrès virtuel, il s’agissait pour le moins d’un pari risqué. Comment réussir à préserver l’essentiel, la démocratie propre à notre mouvement, tout en respectant les consignes sanitaires de la santé publique ? Pas le choix, sinon de reporter le congrès aux calendes grecques, il fallait opter pour un mode virtuel. 

Un important travail en amont, notamment de priorisation, a permis d’alléger sensiblement la formule et de cibler l’essentiel des sujets à traiter. Ce fut donc une version light du congrès auquel les membres ont eu droit. La formule des ateliers, une vingtaine au total, a permis de préserver un précieux espace de débat. Rien ne remplacera jamais les rencontres en personnes mais la popularité relative de l’évènement, plus de 2 000 participantes et participants dont quelque 1 466 délégué-es provenant de 418 syndicats, démontre toute la résilience de notre démocratie syndicale.

Orientations

Dans un mot d’ouverture senti faisant l’analyse de la conjoncture et le tour des enjeux auxquels sont confrontés les travailleuses et les travailleurs, les syndicats et la CSN, le président Jacques Létourneau, a rendu hommage au travail remarquable des militantes et des militants syndicaux depuis le début de la pandémie. « Rarement, dans notre histoire, les syndicats de la CSN auront été aussi proches des valeurs d’entraide et de solidarité qui ont marqué l’ensemble des combats que nous avons menés depuis maintenant 100 ans », a-t-il déclaré.

Les congressistes ont ensuite pu apprécier, en ateliers, les orientations soumises par le comité exécutif pour le mandat à venir. Vie syndicale et mobilisation, relance post-COVID, transformation du monde du travail et santé-sécurité du travail ont été au menu des délibérations. Les rapports d’atelier ont permis de constater que les enjeux de santé-sécurité du travail arrivent en tête des préoccupations des délégué-es; un rapport faisant état des travaux réalisés dans les ateliers sera soumis pour recommandation à un conseil confédéral subséquent. Il appartiendra également au conseil confédéral de disposer de l’ensemble des amendements et des résolutions provenant des organisations affiliées.

Des finances saines

Pierre Patry a présenté son dernier budget à titre de trésorier de la CSN, poste qu’il occupait depuis 2004. Photo : Dominic Morissette

Les décisions difficiles prises lors du dernier congrès ont permis aux finances de la CSN de tenir le coup et d’affronter la crise que nous traversons avec un optimisme prudent. Le nouveau budget assurre même la prolongation des mesures de soutien aux organisations pour maintenir intégralement les services aux syndicats.

Les délégué-es ont également adopté une résolution visant à bonifier le Fonds de défense professionnelle de la CSN, outil financier unique du milieu syndical québécois en appui aux négociations et aux luttes menées par l’ensemble des syndicats de la centrale. Les prestations lors d’une grève ou d’un lock-out ont été haussées à 300 $ par semaine (un montant pouvant aller jusqu’à 400 $ en fonction de la durée des conflits de travail) et l’admissibilité à celles-ci a de plus été accélérée.

Élections

Le 66e Congrès de la CSN fut également l’occasion de l’élection de nouvelles personnes au comité exécutif de la confédération. Comptable à la firme MCE Conseils, Yvan Duceppe a été élu trésorier de la confédération. Il agissait jusqu’à maintenant à titre de trésorier de la Fédération des professionnèles (FP–CSN). Membre du Syndicat des travailleuses et travailleurs de PJC entrepôt–CSN et président de la Fédération du commerce (FC–CSN), David Bergeron-Cyr a été élu à titre de deuxième vice-président de la CSN. Enfin, la présidente du Syndicat des employé-es de magasins et de bureaux de la SAQ–CSN, Katia Lelièvre, a été élue troisième vice-présidente de la centrale syndicale.

Qui dit élection dit nécessairement départ, à la retraite pour certains et vers différents défis pour d’autres. Le congrès fut l’occasion d’émouvants hommages et adieux à Pierre Patry, Jean Lacharité et Véronique DeSève qui agissaient respectivement comme trésorier, 2e vice-président et 3e vice-présidente.

Pour la première fois cette année, les congressistes ont pu assister à une  assemblée des candidat-es. Photo : Dominic Morissette

Un appel à l’action

C’est sur une note d’espoir et un appel à l’action que le 66e Congrès de la CSN s’est conclu. « En ces temps difficiles, les syndicats de la CSN ont démontré toute leur pertinence pour défendre les droits des travailleuses et des travailleurs », a indiqué Jacques Létourneau. « Plus que jamais, le travail de nos 300 000 membres s’est avéré crucial pour assurer le maintien des activités essentielles au Québec mais également pour diminuer l’impact de la pandémie sur l’ensemble de notre société, notamment en matière de santé et de sécurité au travail. »

Jacques Létourneau. Photo : Dominic Morissette

Constatant l’épuisement qu’entraîne la pandémie chez de nombreux travailleurs et travailleuses, particulièrement ceux et celles œuvrant dans les services publics, le président de la CSN a appelé le premier ministre François Legault à consacrer les prochains mois au nécessaire renforcement de nos services publics. « François Legault doit s’attaquer à l’hécatombe que nous constatons dans le réseau de la santé et en éducation. Il doit recourir à toutes les marges de manœuvre qui sont à sa disposition pour appuyer une relance économique et sociale au bénéfice des travailleuses et des travailleurs. Pour ce faire, il doit mettre un terme à l’austérité budgétaire que constituent les versements au Fonds des générations et un retour trop rapide à l’équilibre budgétaire, et ce, dès le prochain budget du Québec. »


Extrait du numéro de mars 2021 du journal Le Réflexe