Lettre ouverte

Un choix s’impose pour la construction du Diefenbaker ; la Davie

Le gouvernement du Canada doit mettre fin à la tragi-comédie entourant la construction du brise-glace Diefenbaker et accorder, une bonne fois pour toutes, le contrat à la Davie. La farce a assez duré, c’est dans l’intérêt des Canadiens de procéder ainsi et le gouvernement Trudeau pourrait enfin réparer l’injustice historique subie par le chantier de Lévis.

La construction du Diefenbaker, le brise-glace polaire devant remplacer le navire amiral de la flotte de la garde côtière, le Louis S. Saint-Laurent, a été annoncée pour la première fois en 2008. Le contrat avait ensuite été accordé par le gouvernement conservateur de Stephen Harper, en 2011, au chantier Seaspan de Vancouver. Ce chantier n’avait ni l’expertise ni les installations pour construire des navires de cette envergure et il s’est avéré incapable de livrer la marchandise. Après avoir retardé plusieurs fois la livraison et fait plus que doubler la facture, le contrat lui a été retiré en août 2019. La construction du Diefenbaker, dont la livraison était prévue initialement en 2017, n’avait même pas encore commencé.

Au mois de février 2020, le gouvernement fédéral a ensuite invité les principaux chantiers maritimes du pays à répondre à une « demande de renseignements » afin de recueillir de l’information sur leur capacité de construction. Les chantiers avaient deux semaines pour y répondre. Le chantier lévisien, qui construit des brise-glaces depuis plus de cinquante ans, a répondu présent. Davie a l’expertise avec une main-d’œuvre hautement qualifiée et a l’espace nécessaire pour la construction de navires. C’est le plus grand chantier au Canada avec 50 % de la capacité de production au pays. Alors que ses concurrents sont gavés en termes de contrats, le carnet de commandes de Davie ne déborde pas. Malgré les nombreuses annonces depuis trois ans, les travailleuses et les travailleurs attendent toujours impatiemment de reprendre le chemin de la construction navale.

Cependant, il semblerait que Seaspan n’ait pas dit son dernier mot. Le chantier de Vancouver a forgé une alliance avec deux autres petits chantiers de réparation ; un en Ontario et l’autre à Terre-Neuve. Il a aussi lancé une importante campagne de lobbying sur la colline parlementaire. Les échos qui parviennent jusqu’à nous sont inquiétants et grandement frustrants. La perspective d’éventuels gains électoraux risque de vicier le processus d’attribution ce qui nous fait craindre de rejouer dans le même vieux film ou les hommes et les femmes de la Davie se font rouler, encore une fois, dans la farine.

La Davie avait été écartée de la Stratégie nationale en matière de construction navale (SNCN) ; une grande injustice qui a fait perdre plusieurs milliards de dollars de retombées économiques au Québec. Cette injustice est en voie d’être corrigée, l’adhésion de la Davie à la SNCN est sur le point d’être confirmée. D’ailleurs, nous attendons cette décision officielle depuis plusieurs mois maintenant.

Le gouvernement Trudeau doit résister au lobbying de Seaspan qui a le culot de revendiquer, à nouveau, un contrat qu’il a perdu. Octroyer le brise-glace polaire à la Davie est la meilleure façon de relancer l’économie régionale et de s’assurer que le Diefenbaker soit livré le plus rapidement possible pour qu’il puisse, enfin, remplir son rôle dans l’Arctique.

Ann Gingras, présidente

Conseil central de Québec–Chaudière-Appalaches (CSN)