Des membres du Syndicat soutien scolaire Bellimont – CSN devant le bureau de comté de Stéphanie Lachance, députée de Bellechasse et adjointe parlementaire du ministre de la Famille, à Saint-Lazare le 6 novembre dernier. Photo: Gino Provencher
Soutien scolaire 

« Les gens sont brûlés, il ne faut plus en rajouter »

L’annonce de l’ajout de trois journées pédagogiques supplémentaires a mis le feu aux poudres dans le secteur du soutien scolaire. Les mobilisations se sont multipliées dans la région, comme ailleurs au Québec. Le Réflexe s’est entretenu avec Samuel Fortin, président du Syndicat soutien scolaire Bellimont – CSN qui représente les 600 employé-es de soutien du Centre de services scolaire de la Côte-du-Sud, pour en savoir plus.

Par Nicolas Lefebvre Legault, conseiller à l’information

« Ça a brassé dans mon syndicat depuis l’annonce du ministre, on a deux élus caquistes sur notre territoire et on est allés manifester devant les deux bureaux pour les services de garde », raconte Samuel Fortin, « les gens sont à bout, en ont ras le pompon et veulent se mobiliser. »

« Les gens dans les services de garde sont brûlés, ça n’a pas arrêté depuis le début de la pandémie, les éducatrices vivent une fatigue intense et ça [l’ajout de trois journées pédagogiques] c’est la cerise sur le sundae, ça ne passe vraiment pas », explique Samuel Fortin. 

Ajouter des journées pédagogiques demande beaucoup de planification. « C’est beaucoup, beaucoup d’ouvrage, il y a plus d’enfants au service de garde durant les journées pédagogiques et les bulles classes c’est fou raide à faire respecter. Les éducatrices sont obligées de se transformer en pieuvres, elles sont en mode solution tout le temps, c’est épuisant », nous relate-t-il.

Les services de garde sont loin d’être le seul secteur sous tension dans le réseau scolaire. Il y a beaucoup de précarité dans les centres de services scolaires et de plus en plus de sous-traitance. « Il y a de la pression sur tous les départements, de l’informatique aux ressources matérielles en passant par l’entretien, tout le monde a un surcroît de travail », raconte Samuel Fortin, « les journées sont très remplies, on est loin de ce que c’était avant la pandémie, nos membres nous disent “on arrive à Noël et on est fatigué comme en mai’’ alors on veut trouver des solutions pour éviter de se retrouver avec de gros problèmes d’absentéisme. »

Le président du syndicat est aux prises avec un dilemme. « C’est certain qu’on ne veut pas enlever les mesures sanitaires parce qu’on veut protéger notre monde, mais on ne peut pas en rajouter tout le temps, un moment donné ça ne marche plus, l’élastique est étiré au maximum. »

Samuel Fortin déplore des directives ministérielles qui changent « presque aux deux semaines ». « Il y a beaucoup d’improvisation, même les centres de services apprennent les changements à la télé, et on ne nous consulte jamais », raconte-t-il, « le soutien scolaire c’est toujours la solution à tous les problèmes, c’est toujours “on va demander au soutien scolaire, ils vont s’en occuper”, mais on n’a pas de reconnaissance. »

Il n’y a pas de solutions miracles, surtout en temps de pandémie, mais le syndicaliste croit que des incitatifs auraient pu aider. « Si on demande aux gens d’en faire plus, si on ajoute des journées pédagogiques, on n’aurait pas pu ajouter une prime ou une journée de congé à la fin pour reconnaître le surcroît de travail ? Mais non, la reconnaissance monétaire n’est pas là », déplore-t-il.

Service de garde : des conditions difficiles

« Les éducatrices en services de garde sont souvent celles qui ont les moins bonnes conditions de travail : elles n’ont pas beaucoup de permanence, elles ont des heures coupées, le service ouvre tôt et ferme tard, elles font rarement leur 35 h, plusieurs doivent cumuler deux titres d’emploi pour se bricoler l’équivalent d’un temps plein, ce n’est vraiment pas facile, c’est des gens à qui on en demande beaucoup », explique Samuel Fortin, « je leur lève mon chapeau, elles sont ‘’sur la coche’’, patientes, ce ne serait vraiment pas drôle s’il fallait qu’elles lâchent, ça ferait beaucoup d’enfants à la maison. »


Extrait du numéro de décembre 2020 du journal Le Réflexe