Charlevoix et Beauce

Le secteur forestier doit faire partie de la relance verte régionale

(Québec, le 10 juin 2020) Après le grand confinement, la relance économique de Charlevoix et de la Beauce doit pouvoir passer par le secteur forestier, l’un des piliers pour les emplois de ces deux régions depuis toujours. Il faut cependant un appui de Québec et d’Ottawa pour y arriver.

L’usine de papier de Clermont, dans Charlevoix, est menacée par la fin de la circulaire papier de Maxi et par la diminution de la demande de papier journal. « Pourquoi les gouvernements ne mèneraient-ils pas une guerre au styromousse et aux nombreux autres emballages difficilement recyclables qui pourraient être remplacés par du papier ou du carton prévus pour le secteur alimentaire », propose Claude Rouleau, président du Syndicat des travailleuses et des travailleurs du papier de Clermont inc. (CSN). Les gouvernements peuvent aussi parfois aider une industrie par des mesures réglementaires qui ne coûtent rien au trésor public ou en favorisant l’achat local, précise-t-il.

Les scieries de la Beauce pourraient aussi bénéficier d’un coup de pouce dans les plans de relance de l’économie qui se mettent en place. « Plusieurs scieries ont besoin de modernisation depuis longtemps. Il est temps d’agir pour qu’elles demeurent concurrentielles dans un marché qui risque de devenir plus difficile avec la crise », soutient Ann Gingras, présidente du Conseil central de Québec–Chaudière-Appalaches (CSN). Cette dernière souligne aussi que les scieries vont devoir obtenir un coup de main pour l’écoulement de leurs copeaux, étant donné que plusieurs papetières sont en baisse de régime.

La FIM–CSN interpelle Ottawa et Québec

La Fédération de l’industrie manufacturière (FIM–CSN) exhorte de nouveau le gouvernement du Québec, mais aussi celui du Canada, pour que tous deux appuient la relance et la diversification de l’industrie forestière. La COVID-19 accélère malheureusement le déclin de certains produits forestiers. La relance verte et durable que le gouvernement du Canada planifie peut et doit passer par la forêt.

Le gouvernement Trudeau a récemment parlé d’une « relance verte » pour l’après COVID-19 et a mandaté trois ministres pour ce dossier. Le ministre fédéral de l’Innovation cherche de son côté de « grandes idées » pour mettre sur pied une « relance industrielle canadienne globale ». Ottawa a aussi nommé Monique Leroux à la tête du Conseil sur la stratégie industrielle. Cette dernière a notamment déclaré : « Tant qu’à réinvestir et à relancer, faisons-le de façon durable ». Or, le bois est une ressource renouvelable et durable qui permet de stocker du carbone.

« L’industrie forestière du pays doit faire partie de cette relance verte et nous souhaitons vivement qu’Ottawa inclue le secteur forestier dans ses plans », affirme Louis Bégin, président de la FIM–CSN. La mise en place de nouvelles filières écologiques basées sur la fibre forestière est non seulement un moyen de diminuer les gaz à effet de serre, mais aussi de fournir de bons emplois en région tout en trouvant une nouvelle vocation à des usines en déclin. Les régions ont besoin de ces emplois.

Le rôle du Québec ne se limite pas à baisser le coût de la fibre

Québec doit aussi jouer un rôle dans la relance de son industrie forestière et ne pas se contenter d’agir en spectateur face à la planification qu’Ottawa prépare.

La simple baisse du coût de la fibre en provenance de la forêt publique, qui est souhaitée par l’industrie forestière, ne pourra pas suffire si les débouchés ne sont plus au rendez-vous pour certains produits comme le papier journal ou de circulaire. Rappelons que la fermeture partielle ou totale de papetières nuit aux scieries qui n’ont alors plus de débouché pour leurs copeaux.

« Le ministre de la Forêt, Pierre Dufour, ainsi que son gouvernement doivent sortir de leur mutisme et dire clairement s’ils vont jouer un rôle actif pour s’assurer que cette filière continue de fournir des emplois en région. Il n’y a pas de raison de rester les bras croisés et de regarder certaines usines mourir à petit feu comme nous le faisons depuis plus de 10 ans. La forêt pourrait fournir au moins 20 % plus d’emplois dans les régions où elle se trouve si on misait sur de nouvelles filières d’avenir. Pour sortir de la crise actuelle, nous devons favoriser une réelle relance de l’industrie forestière et redonner aux régions les moyens de leurs ambitions afin de faire fructifier leur richesse naturelle », conclut Louis Bégin.

Rappelons que l’économie de 152 municipalités au Québec dépend du secteur forestier.