À l’instar du conseil central, qui a tenu un forum régional en avril 2018, la CSN en a organisé un au national, qui a eu lieu à Montréal les 26 et 27 février 2019.

Par Yves Fortin, secrétaire général

Yves Fortin et Jean Lortie, respectivement secrétaire général du conseil central et de la CSN, lors de l’un des panels du forum. Photo : Patrick Sicotte

Tout comme à Québec, les objectifs du forum CSN visaient à présenter l’état de la situation, mais pour l’ensemble du Québec, ainsi que les enjeux qu’une telle conjoncture du marché du travail soulève, d’abord pour les syndicats, puis pour les fédérations et les conseils centraux, voire les régions.

Les participant-es ont, d’entrée de jeu, assisté à des présentations sur les causes socioéconomiques à l’origine de la situation, qui sont au moins de deux ordres.

Démographie et économie en cause

La première cause, que les démographes annonçaient depuis quelques années, est le vieillissement de la population, qui aura des impacts pour encore un minimum prévisible de presque quinze ans, à moins que nous connaissions un ralentissement de l’économie. En effet, en février 2019, la part de l’emploi qu’occupe le groupe d’âge des 15 à 24 ans est de 14 % du total alors que celui des 55 à 64 ans est de 17 %. De plus, l’âge moyen de la population active sur le marché du travail provincial est de 42,1 ans, tandis que le résultat pour notre région est plus élevé encore avec 43,4 ans.

Dans la région, c’est à partir de 2011 que le nombre de personnes âgées de 65 ans a excédé le nombre de personnes âgées de 18 ans, pendant qu’au Québec ce phénomène a débuté en 2014. Il n’est pas surprenant de voir les gouvernements et les entreprises multiplier les initiatives pour maintenir en emploi les travailleuses et les travailleurs âgés, alors qu’auparavant, c’était plutôt l’inverse.

L’autre cause est liée à une économie régionale qui se porte bien et s’est développée depuis le grand « crash » boursier de 2008, se traduisant par la création d’emplois favorisant l’atteinte d’un minimum historique pour le taux de chômage. La baisse du nombre de chômeuses et de chômeurs contribue à la diminution du bassin de travailleuses et de travailleurs disponibles pour occuper les postes vacants sur le marché du travail ; il y avait 12 220 postes libres au 3e trimestre de 2018, c’est-à-dire 3,6 % des emplois salariés de la région.

En mettant en ratio le nombre de chômeuses et chômeurs par poste vacant, nous atteignons le plancher provincial de 1,4 personne au chômage par poste vacant (3,1 au Québec), tandis qu’il était de 4,9 au début de 2016. La progression des postes libres indique que la rareté de main-d’œuvre se traduit en difficulté de recrutement pour les employeurs, et a des effets concrets sur l’alourdissement de la charge de travail des autres travailleuses et travailleurs, qui doivent se répartir les tâches au détriment de leurs conditions de travail.

Le forum CSN s’est ensuite poursuivi avec différents panels de représentant-es d’organisations syndicales et patronales traitant du nécessaire dialogue social ou du rôle de l’action concertée dans la transformation des milieux de travail.

Vers un plan d’action CSN

Il y a également eu deux séances de travail en ateliers pour échanger avec les personnes déléguées des syndicats et des organisations affiliées sur les répercussions de la pénurie et de la rareté de la main-d’œuvre, ainsi que sur un plan d’action CSN comprenant des engagements au niveau des syndicats locaux, des fédérations, des conseils centraux et de la confédération.

En guise de conclusion, et à la lumière des constats qui ont été dégagés des forums du conseil central et de la CSN, ressort clairement l’importance pour les syndicats de se préoccuper de la situation actuelle ; ils doivent prendre les devants pour négocier une meilleure organisation du travail et l’amélioration des conditions de travail et salariales pour les membres qu’ils représentent. Pour les employeurs, cela rendra leurs postes plus attrayants et contribuera à la pérennité de leurs entreprises, lesquelles feront moins face au dilemme de refuser de nouveaux contrats par manque de main-d’œuvre.

Les syndicats pourront bien sûr compter sur le soutien du conseil central, de leur fédération et de la confédération.

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Extrait du numéro de mai 2019 du journal Le Réflexe