Québec, 18 mai 2018. – Ann Gingras n’en croyait pas ses yeux en ouvrant le Journal de Québec ce matin. Irving Shipbuilding se paie une pleine page de publicité pour vanter des retombées de 270 millions de dollars auprès d’entreprises québécoises. « C’est d’une arrogance et d’un mépris sans nom », s’exclame la présidente du Conseil central de Québec–Chaudière-Appalaches (CSN), « avec cette publicité, Irving Shipbuilding ajoute l’insulte à l’injure. »

La publicité de Irving Shipbuilding publiée ce matin dans le Journal de Québec.

Rappelons que le chantier maritime d’Halifax est l’un des deux chantiers canadiens ayant raflé la mise dans l’obtention des contrats de la Stratégie nationale en matière de construction navale, un pactole s’élevant, à ce jour, à 77 milliards de dollars duquel le Chantier Davie a été écarté. « Irving Shipbuilding a reçu jusqu’à maintenant des contrats fédéraux pour près de 65 milliards de dollars, payés en partie avec nos impôts », s’insurge Ann Gingras, « se vanter de retombées de 270 millions au Québec, c’est rire du monde. » Surtout que les propriétaires du chantier des maritimes ne font pas de mystère de leur désir de voir leur compétiteur québécois disparaitre.

À titre de comparaison, Chantier Davie, qui a reçu jusqu’à maintenant moins de 1 % des contrats fédéraux, a eu des retombées vérifiées de 2 milliards de dollars depuis trois ans et fait affaire avec plus de 800 entreprises québécoises. « Et là, on ne parle même pas des emplois directs sur le chantier lui-même », dit Ann Gingras, « non, vraiment, Irving Shipbuilding peut aller se rhabiller avec ses 270 millions, ce sont des miettes. »

En conclusion, la syndicaliste décoche une flèche au gouvernement Trudeau. « Je trouve ça ordinaire que le gouvernement Trudeau permette à Irving Shipbuilding de venir nous baver sur notre terrain. » La présidente du conseil central rappelle, par ailleurs, qu’aucun navire n’a encore été livré dans le cadre de la Stratégie nationale en matière de construction navale, « la solution demeure de corriger la stratégie pour inclure un troisième chantier, en attendant, la négociation sur les brise-glaces doit débloquer rapidement. »