Libre expression à quel prix ?

Voilà, la rentrée est faite et déjà elle s’annonce passablement chargée.

Par Ann Gingras, présidente

Fraichement sortis du congrès de la CSN, nous devons rapidement nous organiser comme en témoigne la résolution sur la vie syndicale qui y a été adoptée en juin dernier. En effet, nous devons procéder à une analyse des besoins des syndicats affiliés en matière de vie syndicale d’ici le 31 décembre 2017. Une vie syndicale saine et en santé est primordiale et vient influencer l’ensemble de notre capacité à se déployer. C’est d’ailleurs dans ce cadre que nous recevrons Christian Nadeau, professeur de philosophie à l’Université de Montréal et auteur du livre « Agir ensemble : repenser la démocratie syndicale » lors de la prochaine assemblée générale du 11 octobre.

La démocratie est un mot présentement populaire et est interprété de multiples façons. La démocratie politique en prend pour son rhume lorsque nous constatons les agissements du président américain, Donald Trump. Certes, il a été élu démocratiquement, du moins selon l’information que nous avons actuellement, mais il fait fi des règles les plus élémentaires en cherchant à tout prix à consolider sa base avec des affirmations grotesques et même mensongères qui contribuent à diviser un pays déjà rongé par les suites d’une guerre civile qui n’a jamais réussi à régler, une fois pour toutes, la question du racisme et de la ségrégation. Au contraire, les extrémistes considèrent maintenant que tout est permis avec un président qui laisse l’impression d’être un des leurs.

Sommes-nous à l’abri ? Absolument pas ! Nous n’avons qu’à constater les slogans des banderoles affichées depuis quelques temps dans notre ville tels « rémigration » ou « réfugiés non merci » en faisant référence aux Syriennes et aux Syriens récemment émigrés au Canada. Ajouter à cela le débat démesurément médiatisé sur le cimetière musulman, sans oublier les têtes de porcs laissées devant une mosquée de Québec ainsi que l’atroce fusillade qui s’y est produite. Tout dernièrement,  on apprenait que l’automobile du président du Centre culturel islamique de Québec avait été incendiée, mais selon plusieurs, il ne fallait surtout pas sauter aux conclusions et parler de crime haineux. Assumons-nous SVP ! Tout comme le fait qu’un chat est un chat, il ne faut pas avoir peur de dire qu’un raciste est un raciste ou qu’un crime haineux est un crime haineux. Appelons les choses par leurs noms pour que ça change !

Pendant ce temps, l’adhésion à des groupes extrémistes comme Atalante, La Meute et d’autres dont nous ignorons l’existence ne cesse de croître. Ces groupes carburent aux discours qui sèment la division et les préjugés qui exacerbent la haine des uns contre les autres. Néonazis, fascistes, suprématistes blancs, citoyens de souche, etc., comment y voir clair devant autant d’étiquettes et surtout comment ne pas se laisser duper par des discours hypocrites qui se réclament de la liberté d’expression ?

Tout ce climat viendra teinter notre action syndicale et notre quotidien qui s’alimente de valeurs comme la solidarité et l’équité pour une société que nous voulons inclusive sans exclusion. Nous le savons, une forme de populisme règne chez nous depuis fort longtemps. Nous tenterons de démêler tout cela lors de l’assemblée générale.

Forum des jeunes

Vous avez reçu au mois de juin, une première invitation pour le 2e Forum des jeunes qui se tiendra le jeudi 2 novembre 2017, sous la thématique « Les Jeunes, sommes-nous si différents ? » Ce forum, organisé par le comité des jeunes du conseil central, vise les membres des syndicats affiliés qui ont 35 ans et moins. Il s’annonce fort intéressant et sera un lieu privilégié pour que les jeunes se réseautent et échangent sur des préoccupations qui leur sont propres. Nous vous encourageons à cibler des personnes de votre syndicat et à les déléguer à cette journée de réflexion et de formation.

En terminant, vous êtes à même de constater les nombreux postes vacants au conseil syndical qui seront à combler lors de la prochaine assemblée générale. Cela est principalement dû aux résultats du vote d’allégeance syndicale dans le secteur de la santé et des services sociaux du printemps dernier. Au nombre de ces départs, il faut ajouter celui de Claude Allard, un militant extraordinaire de grande conviction qui a devancé la prise de sa retraite ainsi que d’une militante non moins extraordinaire, la 2e vice-présidente, Emilia Castro, qui pour les mêmes raisons nous quittera. Les deux militent au conseil central depuis plus de 25 ans. Je voudrais saluer nos deux camarades de cœur qui ont cru au conseil central, qui se sont investis et surtout qui se sont impliqués activement dans les luttes sociales et syndicales. Sans aucun doute, nos chemins se croiseront régulièrement dans notre quête pour une société juste et égalitaire… Solidarité camarades !


Extrait du numéro de septembre 2017 du journal Le Réflexe