Militer pour faire la différence

Barbara Poirier, présidente du Syndicat du personnel de bureau, des techniciens et des professionnels de l’administration de Chaudière-Appalaches (CSN)

Après une période lourde et difficile, les syndiqué-es CSN de la catégorie 3 de la Rive-Sud sont repartis sur les chapeaux de roue. Nous avons eu un entretien avec Barbara Poirier, présidente du tout nouveau Syndicat du personnel de bureau, des techniciens et professionnels de l’administration de Chaudière-Appalaches – CSN.

Par Nicolas Lefebvre Legault, conseiller à l’information

Le Centre intégré de santé et de services sociaux de Chaudière-Appalaches (CISSS-CA) est issu de la fusion d’une dizaine de grosses institutions et compte 109 établissements dans cinq régions sur la Rive-Sud de Québec, un territoire de 230 km. C’est tout un défi pour le nouveau syndicat CSN de la catégorie 3 qui compte 1 700 membres.


S’enraciner dans les régions

Depuis son accréditation, le syndicat a réalisé deux tournées d’assemblées générales, une pour adopter les statuts et règlements et l’autre pour procéder aux élections. Une tournée référendaire sur plus de 40 sites sur l’assurance salaire longue durée a également été réalisée et une troisième assemblée générale est en préparation.

  « Ça va vite, mais ça va bien. Il y a de plus en plus de gens qui se rendent compte que c’est l’fun de s’impliquer, qu’on occupe le terrain et qu’on connaît notre affaire », raconte Barbara Poirier.

Le syndicat compte sur un comité exécutif de trois membres et un conseil syndical de cinq personnes, une par région. « Il y a des représentantes et des représentants à temps plein dans chaque région et on s’assure que les personnes soient obligatoirement issues de l’endroit qu’elles représentent », précise la présidente. « Pour nous, le CISSS-CA, c’est l’addition des régions, alors on se réorganise en les respectant et en faisant tout en notre pouvoir pour maintenir minimalement le même service qui était donné auparavant dans les régions et dans certains cas, les améliorer », explique Barbara Poirier.

Pour la présidente du syndicat, il y a des bons coups qui se font dans toutes les régions et l’enjeu est de les exporter pour que chacun puisse en profiter. « Le plus grand défi pour moi, c’est de faire en sorte que tous nos membres, y compris ceux et celles qui viennent de se joindre à nous, développent un sentiment d’appartenance au nouveau syndicat », dit la militante qui ajoute « faire un syndicat uni, fort et solidaire, j’y tiens à ça ! ».

« On s’en va vers les négociations des dispositions locales », explique Mme Poirier. Actuellement, le syndicat travaille avec 10 cahiers de dispositions locales, mais devrait travailler avec un seul cahier, au plus tard, d’ici le mois de septembre 2018. Selon le syndicat, plusieurs enjeux ressortent, ceux-ci sont liés à la pénurie de main-d’œuvre. « Nous, notre premier engagement c’est de tout faire pour garder des emplois de qualité dans toutes les régions et de voir comment on peut faire pour rendre le monde plus heureux au travail et minimiser les impacts de ces mégas fusions sur nos membres qui sont bien essoufflés. »


Formation pour les membres

Historiquement, le syndicat CSN a développé une politique de formation pour ses membres qui est assez unique.

« La base et le fond de notre façon de faire au local, c’est de travailler pour que nos membres aient la possibilité d’avoir accès à un meilleur titre d’emploi en leur donnant de la formation », explique Barbara Poirier. Le syndicat a donc mis sur pied des formations en français, sur les logiciels Word et Excel qui se donnent la fin de semaine, sur une base volontaire.

« L’idée c’est de permettre aux membres de réussir les tests de l’employeur, de les accompagner dans le processus de dotation et donc de se prévaloir d’un titre d’emploi mieux rémunéré, et ça marche ! Plusieurs personnes se sont inscrites, la participation est incroyable et le taux de succès est absolument formidable.  Les membres apprécient cette main tendue vers eux. Nous sommes là pour eux, pour les aider et on s’organise pour rendre ces formations bien amusantes », dit la présidente.

En gagnant la campagne de maraudage, le syndicat peut maintenant offrir ces formations à toutes les personnes du territoire qui n’avaient pu en bénéficier dans le passé. « Quand les gens vont avoir réussi à accéder à des postes convoités pour améliorer leurs conditions, et ce, grâce à nous, leur syndicat, ils vont réaliser l’importance d’avoir un syndicat fort, dédié et qui participe activement à l’amélioration de leurs conditions de travail », pense Barbara Poirier. Et d’ailleurs, le syndicat travaille actuellement avec l’employeur pour offrir les formations au moins une fois par année pour les nouvelles personnes embauchées.

« À ce jour, on est très très fiers de tout ce qu’on a accompli, dit la présidente, bien sûr on ne compte pas nos heures, on y met tous les efforts, mais on est absolument convaincus qu’on peut améliorer le sort et les conditions de travail des gens qu’on représente, on y croit vraiment… et c’est important d’y croire ! » Le message syndical de Barbara Poirier est limpide : « on vient travailler tous les jours en se disant qu’on va faire une différence dans la vie des gens, qu’on va être novateur et créatif ! Il faut travailler dans cet esprit-là, sinon c’est perdu d’avance. Barrette voulait affaiblir les syndicats avec sa loi 10. Ici, dans Chaudière-Appalaches, ça n’arrivera pas ! »


Extrait du numéro de septembre 2017 du journal Le Réflexe