La bataille des horaires de faction se poursuivra

Les paramédics de Charlevoix, à l’instar de leurs collègues ailleurs au Québec, avaient fait de la transformation des horaires de faction (les fameux 7/14) en horaires à l’heure, leur cheval de bataille. Or, même si le dossier ne s’est pas réglé dans la présente négociation, Emmanuel Deschênes, le président du Syndicat des paramédics de Charlevoix (FSSS-CSN), promet de poursuivre le combat. « Jamais on va abandonner », affirme-t-il, « le combat va être perpétuel tant que le dernier 7/14 ne sera pas aboli dans Charlevoix. »

Par Nicolas Lefebvre Legault, conseiller à l’information


L’enjeu des 7/14

Emmanuel Deschênes, président du Syndicat des
paramédics de Charlevoix (FSSS-CSN)

Les horaires de faction, les 7/14, sont des horaires installés dans les années 1980 qui devaient être temporaires, en attendant l’instauration d’horaires à l’heure lorsque les ressources le permettraient. « Concrètement, au lieu d’avoir un déploiement dynamique sur le territoire, avec des ambulances disponibles en tout temps, les paramédics sont chez eux (en faction) et attendent les appels, ce qui augmente le temps de réponse d’une quinzaine de minutes en moyenne; le temps de se préparer et de se rendre », explique Emmanuel Deschênes.

Pour illustrer le problème, le syndicaliste utilise un exemple concret. Actuellement, il y a dans Charlevoix deux ambulances avec des horaires à l’heure, de jour, à Baie-Saint-Paul et La Malbaie. Imaginons un appel pour une défaillance cardiaque aux Éboulements. Si l’appel a lieu à 10 h, l’ambulance sera là en une quinzaine de minutes, soit le temps de déplacement entre Baie-Saint-Paul et Les Éboulements. Cependant, si l’appel a lieu à 22 h, il faut rajouter un deuxième délai de 15 minutes à l’appel puisqu’en soirée on tombe sur des horaires de faction. « Nous ce qu’on veut, c’est que chaque citoyen de Charlevoix ait le droit à l’ambulance, 24 h sur 24, 7 jours sur 7 sans avoir la pénalité de 15 minutes », explique Emmanuel Deschênes.

Des progrès

L’entente de principe avec la CTAQ a été adoptée à 63 % dans Charlevoix ce qui s’explique, entre autres, par le fait que les horaires de faction demeurent pour l’instant. « Il y a eu des gros gains au niveau du fonds de pension et des salaires », nuance Emmanuel Deschênes, « au niveau des 7/14 c’est sûr que pour Charlevoix on ne transforme pas une ambulance à horaire de faction en ambulance à horaire à l’heure, mais il y a des progrès ». En effet, le ministère s’est engagé sur un mécanisme annuel de réévaluation des besoins à partir des statistiques d’utilisation. « On va être partie prenante du processus une fois par année au lieu de revenir une fois tous les cinq ans lors des négociations, c’est un progrès », pense le syndicaliste. 


Un combat social

« Les Charlevoisiens ne sont pas des citoyens de 2e rang, ils ont droit aux mêmes services que les autres », pense Emmanuel Deschênes, « chaque syndicat a ses combats, moi le mien c’est ça, c’est là qu’on embarque sur le 2e front, sur la cause sociale ».

Le président du Syndicat des paramédics de Charlevoix (FSSS-CSN) croit que la lutte des paramédics aura permis de créer un débat sur les enjeux des horaires de faction. « Ça se reflète dans le gain qu’on a eu », pense-t-il, « sans lutte, on n’aurait jamais eu ça, ça met la table pour la prochaine négo en 2020. »

« Mon combat n’est pas fini, il commence », affirme Emmanuel Deschênes, « si ça prend le restant de ma carrière, ben ce sera ça, pis si on gagne avant, ben on pourra passer à la prochaine bataille. »


Syndicaliste en région ?

Emmanuel Deschênes est également représentant à la vie régionale (RVR) pour la région de Charlevoix au conseil syndical du Conseil central de Québec–Chaudière-Appalaches. Quelle différence y a-t-il entre militer en région et en ville ?

« Ce sont les mêmes combats, il n’y a aucune différence, nous vivons les mêmes problèmes que le monde en ville », dit-il, « la différence c’est que c’est peut-être un peu plus facile en région parce que c’est personnalisé alors qu’en ville tu es plus un numéro. » « C’est plus facile pour moi d’être RVR parce que je connais personnellement la moitié des présidents des syndicats de ma région », conclut-il, « mais ce sont les mêmes problèmes, les mêmes batailles. »  


Extrait du numéro de février 2018 du journal Le Réflexe